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Neil est décidément un prénom qui va bien aux types qui jonglent à merveille entre la country, la folk et la ballade blues : après Neil Young et Neil Halstead, voici le bien nommé Neil Holyoak. A 26 ans, avec sa gueule d’ange et son petit sourire en coin, l’américano-canadien livre un cinquième album mélancolique à souhait qui n’a rien à envier aux plus grands de la même catégorie.

A la croisée des chemins entre Mojave 3, Townes Van Zandt et Cass McCombs, Neil Holyoak réussit à nous envoyer des images nettes de contrées lointaines, à travers le prisme d’un son toujours calme et mesuré. A grands renforts d’instruments à cordes savamment répartis (pedal steel guitar et mandoline en tête), toutes les pistes de Rags Across The Sun sont une promenade différente, tantôt au bord d’un lac, tantôt au cœur d’une forêt en plein automne, tantôt sur une plage californienne au coucher du soleil. Cliché ? Peut-être un peu ; mais ce n’est pas bien grave, tant la beauté des paysages qui défilent à travers nos oreilles est subjuguante.

En plus de la maîtrise avec laquelle Neil Holyoak compose ses ballades, le type possède une voix juste ce qu’il faut éraillée pour venir chercher la mélancolie la plus profondément ancrée en vous et la faire sortir pour vous purger de toutes ces choses qui vous rendent triste sans que vous sachiez pourquoi. A l’instar d’un So Long Marianne de Leonard Cohen ou d’un Girl from the North Country interprété par par Bob Dylan et Johnny Cash, Sideral Sunrise, deuxième piste de Rags Across The Sun, frappe très fort, niveau émotion transmise simplement par une voix parfaitement posée sur des accords discrets mais maîtrisés. Au bout des huit premières minutes d’un album qui en compte une quarantaine, on sait d’ores et déjà que l’on touche à quelque chose qui nous dépasse, quelque chose de presque mystique.

C’est pourquoi il ne sert pas à grand chose de disséquer dans les moindres détails tous les morceaux qui composent ce Rags Across The Sun. Simplement fermer les yeux, s’allonger dans un coin et se laisser porter par les sonorités fascinantes qui semblent sortir de nulle part en même temps qu’elles ont toujours été là. Oublier qu’il s’agit d’un album et prendre ça comme un véritable voyage. L’imagination viendra sans peine, tant des titres comme Big Papa Daddy, Silvery Skies ou Black Hen sont incroyablement délicats et cohérents de bout en bout. Il n’y jamais un refrain en trop, un pont mal placé ou une fantaisie incongrue dans cet opus. Mais s’il fallait toutefois élire une qualité supérieure aux autres dans le jeu de Neil Holyoak, l’on pourrait décréter que ses arpèges sont ce qui achève de sublimer toute l’émotion qui transpire de ces onze chansons.

Ainsi donc, point de prouesses techniques époustouflantes à proprement parler, de morceau phare ou de revendication particulière ici, mais une ambiance générale qui se dégage dès les premières notes et qui fait énormément de bien : comme l’impression de s’élever en douceur et quitter cette planète foutue d’avance. Rags Across The Sun, avec ses onze titres d’une intimité rare, est bien plus qu’un simple album : c’est, à l’image de toute la musique de Neil Holyoak, une pause dans le temps, subtile et délicieuse, qu’on aimerait voir se prolonger des années encore.




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