Une photo inédite de Ian Curtis en pochette ? un projet solo de Matt Berninger (The National) ancien membre de la chouette maison Talitres, celles des poètes des sons et des mots ? Non rien de cela, car The Callstore est l’œuvre d’un français, Simon Bertrand, installé à Londres et repéré via une compilation télescopage sorti en 2013 par les têtes chercheuses et les oreilles fureteuses du label bordelais.

Avec « Save No One » The Callstore ne fait pas comme tout le monde, mais raconte des histoires d’un quotidien banale, magnifié par des compositions qui prennent un malin plaisir à donner du fil à retordre à notre complaisance souvent coupable de nous endormir sur des facilités bien reposantes. The Callstore va nous secouer, doucement mais brusquement, via des rythmiques qui pour la plupart sont programmées sur une PlayStation, ou comment déjouer les habitudes des moins joueurs des mélomanes avec un objet qui ne sert au final qu’à se divertir pour tenter de déjouer le temps. Alors les histoires d’amour finissent mal, les écorchures sont des sévices que la vie impose, et la musique un grand livre ouvert dans lequel il fait bon piocher (les styles sont ici tous les bienvenues) pour attraper ça et là les remèdes à nos maux que sont les mots.

Certes nous pourrons regretter l’absence évident de moyen sur certains morceaux (le monstrueux « Above and Beneath Your Feet » par exemple), mais ces chansons qui ne sont pas des squelettes pourraient se voir outrager comme cela a été le cas sur certains morceaux de Baby Bird à l’époque de ces 5 albums autoproduits dont certaines chansons subiront un lifting qui faisait perdre beaucoup.

The Callstore n’a pas besoin de plus que cela, pas de lumière, juste que l’on écoute ses belles chansons (« The departed » tourne en boucle chez votre serviteur) que nous pensions à lui, comme quelqu’un qui se cacherait volontiers derrière une image intrigante, une voix déjà connue, mais des compositions si personnelles.