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Trop de disques sortent, bien trop... Parfois, on passe à côté de certains disques, pourtant dieu sait si les bons copains vous les recommandent, en âmes avisées qu’ils sont.

On n’a qu’une vie, les journées ne font que 24 heures, il faut bien dormir, manger, travailler, déféquer... Bref vaquer à notre quotidien.

Mais franchement, parfois, on ne s’explique pas pourquoi on est passé à côté d’un disque comme celui de Thousand, justement encensé par la critique hexagonale.

Ce second disque solo de la moitié de Thousand & Bramier sorti au creux de l’hiver 2015...

Cherchons ensemble les raisons de cette non-synchronisation, de ce rendez-vous manqué. D’immenses albums sont sortis en ce début d’année... Le "No Song, no spell, no madrigal" de The Apartments, "Effacer La Mer" d’Orso Jesenska, le "Weight Of Spring" de The White Birch.

La faute à une peur de saturation face à trop de beauté ? La crainte du Syndrome de Stendhal ?

L’idée rétrograde de se dire qu’on en a assez d’entendre des "folkeux" geindre dans un anglais approximatif leur "Walden" intègre et bien trop respectueux.

Pure mauvaise foi de ma part quand on connaît la qualité d’écriture de Thousand & Bramier, projet boisé plus qu’enthousiasmant. Pour rappel, Stéphane Milochevitch a vécu quelques années au Texas, y piochant ça et là ce qui deviendra sa couleur dominante, une musique de grands espaces.

C’est avec d’autant plus de surprise que je découvre ce second disque sobrement intitulé "Thousand", très loin de l’imagerie mentale que je me faisais du projet.

Entre Power Pop et rythmiques de saison de printemps, Thousand s’affranchit de son statut de duo et devient clairement une vraie et singulière proposition musicale.

Produit par Frederic Lo, rappelez-vous la splendeur de "Creve-coeur" de Daniel Darc à redécouvrir en édition deluxe, c’était lui.

La musique de Thousand prend d’autres dimensions, Pop, électro folk. Les boussoles autrefois placées vers les nord du Lo-Fi et de Bill Callahan (pour ne citer que lui) osent se dérober et s’affranchir.

Jamais loin des délires, des mariages aventureux de Tuung, Thousand finit de nous prouver que le Folk se renouvelle en refusant les poses passéistes.

On peut être inventif en maitrisant les codes, comme les voisins My Name Is Nobody. Il y a cette même volonté comme une obsession à acoquiner la veine dansante à la mélancolie qui ne dit pas son nom.

Rappelez-vous par exemple de l’aîné Joe Pernice, dans son projet Chappaquiddick Skyline qui nous assène des horreurs ("I Hate My Life") avec cette ironie distanciée sans arrogance.

On retrouve cela chez Stéphane Milochevitch.

Il nous fait danser mais il nous fait aussi frissonner.

Avouons -le, c’est d’abord le manque de temps qui explique ce retard, ce rendez-vous un temps manqué....

Mais finalement, ce retard involontaire a du bon tant ces mélodies claires entrent en résonance avec nos saisons de bord de plage, nos envies d’extérieur.

Mais ne dit-on pas faute reconnue, faute à moitié réparée.... Vous me pardonnez ?




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