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Quel étrange titre que celui du (déjà) troisième album de Sophie Allison. « Color Theory » donne une signification à trois couleurs. Le bleu pour la mélancolie, le jaune comme la maladie mentale ou physique et enfin le gris la peur de la perte. Ce triptyque ne nous invite pas à priori à une promenade colorée façon Alice aux pays des merveilles, mais plutôt dans un chemin, non pas de croix, mais une expérience de vie qui n’épargne rien à la jeune Sophie (il serait facile d’ailleurs pour nous de titrer les malheurs de Sophie).

« Color Théory » est une sorte de « What Would the Community Think » qui tenterait non pas de creuser sa propre tombe, mais plutôt d’essayer de mettre de la lumière (de la couleur) là où tout nous semble devoir nous plonger dans le noir. « Color Theory » est un disque à la forte teinte indé des années 90 (période bénie ?) avec ses tubes imparables (« Royal Screw Up » « Crawling in my Skin ») rempli de mélodies accrocheuses (de sonorité qui nous aimante depuis toujours « Lucy » ) et de refrain qui rentrent sans jamais sortir, donnant presque le statut de classique, sans savoir si il passera l’épreuve du temps. Comme l’explique Sophie « Je voulais que l’écoute de « color theory » se vive comme la découverte d’une vieille cassette recouverte de poussière qui se serait emmêlée avec les années, car c’est ce dont il s’agit ici dans cet album : une expression de toutes les choses qui lentement, m’ont personnellement dégradé ». En cela, l’album est une réussite que nous pourrions ranger non loin des premiers Ben Lee, Scheer, Veruca Salt si notre discothèque était rangée par période. Mais c’est peut-être l’écueil de ce disque, celui-ci a pour certains la couleur de la nostalgie (comme moi) d’autre celle d’un travail de moine copiste talentueux et pour d’autres une musique d’un autre temps sur des thématiques trop plombantes pour une époque déjà pas mal plombée. Disque intime sortie dans une période individualiste, disque avec un regard vers le passé dans ce monde de la fuite en avant. Il en résulte un disque au charme fou, un disque qui me donne envie de prendre Isabelle dans mes bras, bras qu’elle repoussera, j’en suis persuadé, m’encourageant à moi aussi de ne pas baisser les bras et de transcender l’adversité. « Je suis la reine pour tout faire foirer » dit elle, pas cet album en tous les cas.




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