Je ne connais pas grand chose de la culture colombienne, à part René Higuita, Carlos Valderama et le guacamole (« le guacamole sans piment, c’est comme l’amour sans désir » sur Vagido). J’exagère à peine. Le label Dur et Doux, entreprise musicale salvatrice, mais qui désoriente, réédite un disque venant de chez Alfredo Iriarte (j’étale ma « culture ») et sorti à l’époque chez Matik Matik Discos. Le disque a engendré chez moi une discorde. Si je suis habitué avec le temps à des escapades risquées m’éloignant de la chapelle dans laquelle je milite, je ne reviens que très rarement dessus, surtout quand je suis accueilli par ce qui s’apparente à un brouhaha, que les experts appellent du free-jazz. Dans ce qui pourrait sembler une guerre d’ego, à celui qui jouera le plus fort, la batterie mène une guerre sans merci avec tout ce qui se présente, attendant la fin d’un des combattants. Face à ce spectacle, à ce tabassage en règle, j’étais à deux doigts de donner ma démission, offrant à qui le faudrait mon poste de chroniqueur en zone de guerre musicale, songeant à une zone moins sauvage. Mais n’écoutant que mon courage et ma possible bravoure (enfin, appelons cela de l’inconscience.) j’ai poussé plus loin dans la découverte du « Resiliente » de Mula. Car après être avant tout un disque bruyant, le disque se fait bruitiste, éclatant la cellule dans laquelle il nous avait enfermé jusque-là, pour nous emmener plus loin avec lui. Dés la moitié de « Petricor », mais surtout avec « Mondo Barbian », le groupe nous enivre de pistes qui nous font tourner la tête alors que jusqu’à présent, c’était le mal qui s’abattait sur elle. La découverte dés lors est totale, comme une rencontre musclée et éclatée avec le travail d’Israël Martinez, et l’assise d’une pensée plus politique. « Resiliente » est une hydre à deux têtes et la démonstration de la différence dans l’utilisation du bruit.