> Critiques > Labellisés



Une artiste qui reprend en intégralité le « Seventeen Seconds » de The Cure ne pouvait qu’attirer l’attention du chroniqueur quarantenaire que je suis : avec son cinquième album, la new-yorkaise Frankie Rose – batteuse des groupes Crystal Stilts et Dum Dum Girls – se livre à un exercice de haute volée en matière de synthpop à l’efficacité avérée, toutes nappes acidulées, guitares arpégées, beats hypnotiques et vocalises réverbérées dehors.

Si l’ensemble fait montre d’une énergie convaincante, à l’enthousiasme contagieux, « Love as Projection » atteint paradoxalement des sommets lorsqu’il se laisse aller à une langueur mélancolique toute Beach Houseienne, à l’instar d’un « Saltwater Girl » vraiment prenant ou d’un « Song for a Horse » minimaliste mais par son épure tellement ambitieux qu’il rappelle le meilleur d’Enya.

Dans son chant, Frankie Rose invoque aussi bien la scansion enfantine de Saya Ueno (Tenniscoats) que le vaudou électronique de Grimes. Années 80s phantasmées dans une modernité pop clinquante héritée des late 2000s, où l’intime et l’universel naturellement se marient, car tel est le sujet de fond des dix titres de « Love as Projection » : le recours au collectif et à l’altérité lorsque le systémique s’impose à nous jusque dans nos inconscients subordonnés.

L’amour, ce concept frauduleux bâti sur des stéréotypes débilitants se construit certes sur des projections, mais n’est-ce pas, after all, le cas pour tout et le lot de tous, dès lors que l’on met le nez dehors, dans un réel qui se construit au fil de nos pas hasardeux, quitte à se blesser lorsque nous cueillons, du bout des oreilles, une si vénéneuse (Frankie) rose ?




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.