Enregistré en deux jours au Garage Hermétique (Nantes), le quatrième album des rhodaniens d’Automatic City évoque – pochette à l’appui – une boite à rythmes imaginaire, la Hum Drum, tout autant fantasmatique que le répertoire du groupe, entre relectures iconoclastes et compositions biberonnées de références inattaquables ; soul 70s, funk, blues, rock psychédélique et blaxploitation. Hébergé par le label Wita Records (Lowland Brothers, Head West, The Starphonics), basé à Rillieux-la-Pape, le quatuor digger fait preuve depuis 2015 d’un tel appétit pour la (très bonne) musique qu’il en fracasse les frontières.
En huit titres (dont cinq reprises), Eric Duperray, Emmanuel Mercier, Camille Thouvenot et Wendlavim Zabsonré jouent avec les genres et les registres. Hum Drum est une déclaration d’amour au groove : que ce soit sur le Lament de Mamie Perry, le Downbound Train de Chuck Berry (amputé de guitares et néanmoins lancé à toute vitesse sur des rails hypnotiques, à coups de percussions tendues et de Farfisa épileptique) ou le Move your hand du Dr. Lonnie Smith, prescripteur de good vibes électriques, Automatic City s’éclate, et le plaisir est partagé, d’autant plus quand le gang de Lyon invoque le cinéma de genre – Get Carter (chanson de Roy Budd et film de Mike Hodges, sorti en 1971) et Hell Below (en référence au If There’s A Hell Below We’re All Going To Go de Curtis Mayfield, composé pour la BO de Superfly).
Au milieu de ce panégyrique de talents mythiques, les œuvres originales d’Automatic City ne déparent pas et passent crème, avec un savoir-faire qui rappelle les géniaux The Make-Up (No Dice) et le regretté André Williams. Humdrum est gorgé de psyché-soul, quand Wanderin Soul et son chaleureux dialogue (chant et chœurs se répondent) surfent : rolling-afro nimbé de réverbération (la vague rythmique), Jimi Hendrix (le vent sonique) et The Bad Seeds (la falaise en approche). Entre hommage et modernité malicieuse, Automatic City trace un chemin qui lui est propre, cultivé et toujours surprenant, à tel point que l’on a déjà hâte d’entendre la suite de leurs pérégrinations en terres binaires.