Sous le patronyme Osees, cinquième album en cinq ans pour l’hyperactif John Dwyer et son gang à géométrie (très) variable, mais rien de moins que le 29ème opus, si l’on prend en compte les disques de Orinoka Crash Suite, The OhSees, Thee Oh Sees et Oh Sees : assisterait-on à un concours de spontanéité avec les australiens King Gizzard & The Lizard Wizard ? L’été dernier, l’énergique Intercepted Message nous avait laissés en sueur sur la piste de danse, perdus entre le Palace, The Haçienda et le CBGB. L’intrigant SORCS 80 reprend le flambeau, nous réservant une surprise de taille - exit guitares et synthétiseurs, welcome loopers, samplers et saxophones, bon, sang, à quelle fracassante sauce allons-nous être engloutis ? Psycho-punk (Look at the Sky), garage mutant (Drug City), funk concassé (Also the Gorilla…), tout passe tout casse, à toute vitesse tout cogne, en treize compositions à la production aussi compacte qu’une balle de Colt Anaconda tirée à bout portant dans les couilles d’un taureau furibard. Nous voilà face à un mur de béton sonique, impossible de faire demi-tour. Groove martial, dissonances détraquées (les cuivres sur l’introduction du hardcore Cochon d’Argent), dérives inventives (Blimp et son pont kraut psychédélique) : Henry Rollins meets James Chance meets The Make-Up (Lear’s Ears). Sur le papier, irrésistible, même si l’on aimerait parfois se mettre un bout de mélodie sous la dent. Il y a que SORCS 80 est monolithique : une pincée de pop trafiquée, telle que sur Earthling (early Robert Smith en mood grosse compression), fait du bien et nous rappelle que les Osees savent aussi écrire des chansons. Ce nouvel album un chouia poseur ne changera pas la donne pour John Dwyer et ses talentueux acolytes, mais s’avère aussi digeste qu’une brique, sauf à ce que préalablement nous ayons avalé des litres d’alcool, histoire de débrancher le cerveau et laisser l’animal en nous prendre le contrôle.