> Critiques > Labellisés



Je savais déjà que la Bretagne était un formidable pourvoyeur de talents en matière de zik, et cette fois c’est Quimper et ce trio extrêmement talentueux, Frigo, qui sont à l’honneur. Après le rock à guitares de Dominic Sonic, le rock noisy des Skippies et le rock aux réminiscences à la Devo de Sloy, tous issus de Rennes, on a ici droit à un savant mélange de rock, pop, post-rock et électro. Faisant suite au déjà excellent " Teleportation ", cet album, loin d’en constituer une banale suite, le surpasse et permet aux quimpérois d’aller au bout de leur démarche. Les frères Balquier et leur acolyte Brendan Costaire proposent dix titres aboutis, idéal résultat de leurs investigations sonores et de leur sens du " collage " et de la composition. Avec " Pictures of melancholy " qui ouvre ce disque, ces notes célestes qui introduisent le morceau, cette voix délicieuse, enjoleuse, comme sortie d’un rêve, on se retrouve happé, emprisonné dans la toile sonore du groupe, et on a envie, à l’image de Max, de chanter tout comme lui " Cause I’m feeling good, cause I’m feeling fucking good… ", tellement ce titre, qui monte en intensité sans jamais exploser, s’avère irrésistible et euphorisant, et superbe de retenue. A peine remis de cette entrée en matière détonnante, l’émerveillement continue avec ce " Draft " sautillant aux sonorités électro géniales, au diapason de cette voix unique, un élan rock venant ensuite emmener ce morceau plus haut encore, avant que " Lost in time ", plus posé, moins dansante et enlevée mais à l’atmosphère prenante, ne confirme l’habileté du trio à composer des plages sonores personnelles et dignes d’un grand intérêt. Déjà enchantés de ce qu’il nous est donné d’écouter, on tombe sur " Comportement notice " et là, surprise, énorme surprise, c’est Scott Mc Cloud, himself, qui est au chant ! Inutile de vous dire que le doux parfum Girls Against Boys qui hante ce morceau transcende celui-ci, digne des meilleurs morceaux de GVSB, traversé par des décharges sonores terribles et relevé par cette voix reconnaissable entre mille. Et ce n’est pas fini ! Non-content de frapper un grand coup de par la qualité de ses morceaux et des intervenants choisis, Frigo s’offre les services de Tepr, des monstrueux Abstrakt Keal Agram, sur " Wetscoast voices ", bel exercice mêlant adroitement post-rock, électro et dub. Retour ensuite à un registre plus pop sur le délicieux " Mentronic ", doté de cette voix qui s’emporte, monte dans les aigus et nous régale, appuyée par cette atmosphère spatiale et ces programmations toujours justes, dont résulte un morceau intense et planant, habillé par des trouvailles sonores démentes et déchiré en sa fin par des guitares rock acérées : superbe ! " Pop corn cinema ", du même accabit, offre les mêmes sensations, nous emmenant très haut dans la planerie et la rêverie tout en nous faisant secouer la tête grâce à ce côté rock omniprésent et à ce côté dansant, groovy, auquel on ne peut résister. Arrive alors une nouvelle intervention et pas des moindres. C’est en effet Mister Troy Von Balthazar et sa voix incomparable, passionnée, éprise de douleur, qui porte l’étincelant et majestueux " Sweetheart " vers des sommets de pureté et d’émotion. On est alors abasourdis, sonnés par le festival sonore offert par le combo, quand arrive " Borderline ", chantée en français, bon titre électro-pop délicat, puis, pour conclure, un " Deadly summer trip " instrumental également réussi, auquel je ferai toutefois le reproche de manquer quelque peu de relief. Mais sur cet album, Frigo nous offre tant de moments intenses, se montre si inspiré, si passionnant, qu’on ne peut s’arrêter à cela. Funambul, un grand album, un album bien nommé aussi, dans le sens où ses géniteurs se permettent des expérimentations périlleuses sans jamais faillir ou chuter. Remarquable.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.