Il est à regretter - ils ne sont pas les seuls dans ce cas - qu’un groupe tel que les Nits, malgré leurs 30 ans d’existence, n’ait jamais accédé à une reconnaissance publique digne de leur énorme talent. Des sonorités punk pop sautillantes des débuts (le groupe est alors fort proche des premiers XTC) aux tendances électroniques et grands orchestres, les hollandais ne se seront jamais départis de leur goût pour les arrangements classieux et les mélodies imparables. Totalement inclassables - cela sonne souvent jazz, parfois blues, limite gothique même, classique, folk, ou tout simplement pop, les Nits laissent en héritage 19 albums jamais parfaits de bout en bout, toujours touchants et inventifs néanmoins. On retiendra plus particulièrement la "trilogie" Tent (1979), New Flat (1981) Work (1982) ainsi que le chef d’œuvre Omsk (1983), le très pop Henk/Kilo (1985) ou encore le très soul Wool (2000).
Et sur scène ? Déjà révélee via le double album Urk en 1989, la qualité live des hollandais trouve son prolongement avec ce témoignage dvd de la tournée 2004 du groupe, qui voit enfin le retour à la maison du claviériste prodige Robert Jan Stips. Le groupe y exécute la plupart de ses grands classiques devant un public qu’on devine conquis d’avance, dans une mise en scène très classe (multitudes de petites lampes de chevet, projections de montages en arrière plan) et en formation inhabituelle : deux claviers (dont l’un joue la basse), une guitare et une batterie. C’est "The Train" qui entame le set, comme souvent, et si elle n’est pas la plus passionnante des créations des Nits, tout comme "In The Dutch Mountain", qui clôt le concert, elle se laisse écouter, et on constate que malgré les trente ans d’activités précités, la spontanéité et l’envie de (se) faire plaisir sont toujours bien présentes. Henk Hofstede, le leader de toujours, ressemble de plus en plus à un dandy cinquantenaire dans son costume blanc crème, tandis que l’éternel complice Robert martèle ses touches et nous sort des notes improbables en s’amusant comme un gamin. Suit "Bike in Head" et sa mélodie de sonnettes de vélo, puis "Aquarium", nombreux extrait du dernier album avec entre autres le bondissant "With Used Furnitures We Make a Tree" et la très jolie " Espresso Girl ". Si le chef d’œuvre "Sketches of Spain" n’est une fois de plus pas à la hauteur, on assiste à partir de cet instant à un défilé de perles à savourer bouche bée ! D’autant que son et cadrage nous donnent l’impression d’être un mètre devant la scène ... S’enchaînent donc "Cars & Cars" et sa sublime mélodie pianotée, "A touch of Henry Moore" et son combat de gongs, l’éternelle "Nescio", les "Bououououh !" de "Doppelganger", la fausse simplicité de "Welcome Back" et "The House’", chantées toutes deux par Robert Jan Stips, les géniales "Savoy" et "The Infinite Shoeblack"... Il n’y a dès lors rien à jeter, et surtout pas le rappel à deux accordéons avec le seul tube (?) des Nits, Adieu Sweet Banhof, repris en chœur par l’entièreté du public.
N’hésitez pas à découvrir les Nits si l’occasion se présente, la démarche en vaudra la peine ! .