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Propos recueillis à La Route Du Rock 16 Collection Eté, le dimanche 13 août. Merci à Vincent Dupas pour sa disponibilité et au service presse de La Route Du Rock .

"Si Vincent Dupas avait une jolie barbe de cessionnaire, il s’appellerait Will Oldham et I Say Hello To The Pale Moon serait son New Partner " écrit Gérald dans sa chronique du très réussi I Hope You’re Well, I Am And I Send You My Fingers soient onze folksongs miroirs signées d’un des membres du collectif nantais Effervescence, l’affable Vincent Dupas aka My Name Is Nobody. Quelques mots qui introduisent idéalement le traditionnel exercice d’analyse des titres de l’album par son auteur...

Titre de l’album.

— Pour moi le titre n’a rien de macabre. Avant je faisais du rock noise avec des groupes. Je suis parti aux Pays-Bas pour mes études. J’habitais avec un Anglais qui est devenu un très bon ami. Lui commençait juste la guitare et il avait un don assez particulier pour trouver des bonnes mélodies. On a commencé à faire des morceaux ensemble. C’est là que j’ai fait des musiques plutôt folk. Depuis on s’écrit des mails régulièrement et à la fin d’un mail il m’a écrit ça " I Hope You’re Well, I Am And I Send You My Fingers ". Et ça m’a fait marrer. Comme c’est un peu grâce à lui que je fais My Name Is Nobody aujourd’hui, c’est une façon de le remercier lui. Et j’aime les titres longs d’album. Et par rapport au disque, c’est le dernier morceau. Dans le disque je parle beaucoup d’amis et de proches. Et le dernier morceau c’est un regroupement de tout ça sur tous les gens desquels j’ai parlé, parce que je dis des choses sympas mais je dis aussi des choses pas très sympas sur les gens aussi.

Little Chick.

— Ce disque c’est vraiment des portraits. Un très bon pote à moi est surnommé " Poussin ". En fait, son frère joue dans Room 204 et il y a un an et demi Room 204 m’avait proposé de partir avec eux en tournée en Europe en me disant : " Emmène ta guitare peut-être que tu pourras jouer. " Et au final, j’ai joué tous les soirs après leur concert. On est devenu très bon pote avec Poussin. Il a connu une période pas facile. J’aime bien offrir des morceaux donc ça parle de lui. Il y a pas mal de second degré. C’est un peu pour le taquiner. Il a apprécié.

I Say Hello To The Pale Moon.

— C’est un portrait. Mon frère habitait en Croatie à un moment. Il m’avait fait écouter ce chanteur croate super populaire qui joue une musique un peu bordélique. Il y avait cette histoire d’un mec qui avait l’impression de devenir un loup. Du coup j’avais trouvé un petit texte par rapport à ça. Je pense que c’est une vieille histoire croate. Ça me fait un peu penser au bouquin Le Loup des Steppes d’Hermann Hesse qui est notre bouquin préféré à Faustine et à moi.

Black Eyed Monkeys.

— C’est un ami à moi qui écrit des poèmes en Anglais. Un jour je lui ai dit " Tiens, essaie d’écrire un texte pour une chanson... " et il m’avait envoyé ça. Pour moi, les singes aux yeux noirs ici c’est des oiseaux de mauvaise augure. Il ne devait pas être au top de sa forme à cette période. C’est un morceau chouette parce qu’on joue tous les deux avec Faustine : moi j’avais composé et on a bossé le piano ensemble.

Hands Made Of Gold.

— Un morceau pour l’anniversaire de Faustine, il y a deux ans. Il parle d’elle. C’est chouette parce que c’est un morceau complètement acoustique et Faustine m’accompagne à la voix. François y joue aussi de la batterie. Un morceau assez dépouillé avec deux jolies voix derrière qui m’accompagnent.

My Brother’s Wedding Song.

— C’est tout con, c’est mon frère qui s’est marié l’année dernière. Mon frère c’est celui qui m’a fait mon éducation musicale au début. Il m’avait demandé d’être son témoin ; j’étais très ému. J’avais fait ce morceau que je n’avais pas joué avant. C’est un morceau super optimiste. C’est un morceau bizarre parce que j’ai perdu mon grand-père il y a pas longtemps. Hier [le samedi 12 août 2006, ndlr] j’ai eu du mal à le jouer, j’ai eu un blocage. Ma grand-mère a choisi ce morceau pour le moment où son cercueil a été incinéré.

Last Night, I Dreamt 3 Times.

— C’est un morceau sur des rêves que je faisais quand j’étais plus jeune. Il y avait trois rêves différents. Mon premier rêve : il y avait un téléphone sur une petite commode et j’ouvrais la porte de la commode et il y avait un escalier et je me retrouvais dans un endroit avec plein de tapis partout. Je le faisais une fois par semaine. Le deuxième rêve c’est tu bois des coups avec des potes et ils te regardent de près comme Dans Le Péril Jeune et ils me disent tous de me casser. Le troisième rêve c’est je suis dans un champ ; il y a une super nana et quand j’arrive elle me dit de me casser aussi.

My Dear Friend.

— C’est sur un très bon pote qui n’allait pas très bien à une époque. Autant je parle beaucoup autant j’ai du mal à dire les choses en face quand je dois parler avec les gens. Ce morceau c’était pour lui dire qu’il me foutait un peu les boules d’être comme ça. C’est un de mes morceaux préférés. Il y a une envolée à la fin avec des chœurs ; le groupe a vraiment trouvé des arrangements supers.

Sunday.

— Ça fait longtemps que je l’ai fait. C’est sur un sale dimanche que j’ai passé. Je chante avec une voix très grave. J’écoutais beaucoup Leonard Cohen à cette époque. Je le joue rarement maintenant.

I Gave-Up With My Neo Hippie Thoughts.

— A un moment je me disais que j’allais être un peu hippie mais au final j’aime pas trop les hippies. Je me suis retrouvé à un dîner où je me faisais un peu chier. Je m’apitoie un peu sur mon sort avec un peu de second degré. Erwan y a rajouté du cavaquihno, une petite guitare brésilienne ; ça donne un côté presque bossa à la chanson. On a improvisé le début du morceau et ça lui donnait un côté un peu hippie. Aussi, dans l’école de commerce que je faisais il y avait un almanach. Et tous les gens disaient que dans 5 ou 10 ans ils se voyaient mariés, deux enfants, une belle maison, directeurs marketing. Ça me faisait pas trop rêver. C’est une chanson un peu contre ce genre de trucs.

The Greatest Mistake.

— Dans ce morceau je lâche toutes mes crasses contre mes potes. J’habitais avec deux potes à un moment et un week-end je suis parti alors que je ne devais pas partir. J’avais fait les courses le vendredi et quand je suis rentré le dimanche soir ils avaient bouffé toutes mes courses, il n’y avait plus rien à bouffer, plus rien à boire. Ils se sont même pas excusés et je les ai un peu engueulés pour qu’ils réagissent et qu’ils aillent racheter des trucs. Je trouvais ça drôle de dire ça. Ce morceau est chouette aussi parce que pendant qu’on enregistrait Faustine a eu l’idée de faire une petite chorale à la fin quand je répète les paroles. Ça fait envolée post-rock ; les gens disent souvent que ça rapproche de A Silver Mt. Zion même si ça sonne différemment.

I Hope You’re Well, I Am And I Send You My Fingers.

— C’est un morceau qui regroupe tout. C’est un morceau enregistré avec le groupe mais qu’on ne joue pas ensemble. C’est un morceau très long à se mettre en place. On arrivait pas à avoir la bonne version qu’on voulait. On a enregistré l’album en live. Donc on s’est fait un bon petit dîner puis on a essayé de la faire. Il était tard -entre une heure et trois heures du matin- et on voyait juste le haut de la tête de Faustine et elle ne jouait pas. Elle s’était endormie. On a dit : " Allez on fait une dernière prise ! ", le lendemain on a réécouté et on a trouvé que la prise était bonne. Au début on est pas tous ensemble puis quand le morceau avance on est de plus en plus ensemble. A la fin je finis tout seul et je dis que j’ai parlé beaucoup dans ce disque parce que j’ai bu quelques bières mais que ça va et que j’ai l’impression d’être un peu sur mon chemin. Le prochain disque parlera de plein de choses différentes. On l’enregistrera sans doute en décembre ou janvier. On a déjà une dizaine de morceaux