> Interviews



Interview réalisée via mail en mars 2005.

Il en aura fallu du temps en séquence 01 et ce nouvel album ? Qu’avez-vous fait pendant ce temps ?

— Vivien : Je ne pense pas qu’il se soit passé énormément de temps entre le premier et le 2ème album, seulement 2 ans d’intervalle, c’est une bonne moyenne finalement. Mais il y a eu aussi des projets parallèles qui prennent du temps, des remix. 2 ans, c’est bien pour réfléchir pour ne pas se répéter. Un 2ème album est vite décevant s’il ressemble au premier. Et le deuxième album pour moi est bien différent du 1er.

— Arnaud : En fait, on a juste pris le temps pour faire les choses le mieux possible. On a aussi pris le temps d’emprunter de mauvais chemins ! Beaucoup de titres du 2nd LP étaient en fait prêt il y a déjà plus d’un an, certaines mélodies existaient même avant la sortie du 1er. Mais tout était un peu frais et nous attendions de voir comment les choses évolueraient.

Vous pouvez vous présenter pour ceux qui auraient raté vos passages sur ada via nos compilations ?

— Arnaud : Je crois que la présentation est la suivante : " …une voix fragile et sensuelle, un subtil mélange d’électro-pop et de trip hop aux accents "cinématographiques", des sonorités "vintage" et un univers romantique... "

Quelle était l’idée de départ pour ce disque ?

— Arnaud : La seule volonté était de faire un disque COHERENT, qui s’écoute presque comme une seule piste…Mais c’était la seule idée. Sinon, aucune ligne directrice, je fais des morceaux, les uns après les autres et puis on finit par sélectionner, trier, hop, ré arranger pour finalement arriver à quelque chose qui nous plaît.

Vous n’avez pas eu peur de réutiliser des sons du premier album très riche en sonorités ?

— Vivien : Moi, je trouve que le premier album est assez simple bizarrement et le 2ème beaucoup arrangé avec encore d’autres sonorités. L’explosion numérique fait qu’il n’y a plus vraiment de limites à la création. En 2 ans, nous avons accumulés pas mal d’instruments, une nouvelle voix (Béatrice), et une culture musicale qui s’est encore développée qui fait que le deuxième album nous semble bien plus riche que le premier.

— Arnaud : En fait, on je me lasse de certains sons, d’autres non. La seule chose importante est de trouver la bonne alchimie, non seulement en fonction de la mélodie mais aussi de l’ambiance. Il n’y a pas vraiment de recette mais il y a certaines " habitudes " qui font que certains sons reviennent.

Les premières écoutes passées une chose m’est apparue évidente, ce disque est plein de vies au pluriel. Vous construisez comment vos morceaux ?

— Arnaud : Il n’y a pas vraiment de méthode. Souvent tout commence avec une petite mélodie au piano, puis viennent se greffer les divers instruments ; j’accumule les idées, les mélodies jusqu’à saturation avant de commencer à construire. Il se passe donc parfois plusieurs semaines entre l’ébauche d’un titre et sa " finalisation " ce qui peut donner une multiplicité d’ambiances, d’atmosphères.

Vous qui êtes plutôt dans la recherche des atmosphères vous signez avec club ’84 un tube electro. Il fallait briser la glace, ou simplement désorienter l’auditeur ?

— Vivien : je pense que ce morceau rentre complètement dans l’album. Je pense aussi qu’Arno voulait faire un morceau un peu dance floor, c’est peut-être son côté ancien DJ.

— Arnaud : Pas la moindre idée. Si mes souvenirs sont bons, j’avais d’un coté une mélodie (qui aurait pu être jouée sur un rythme plus lent) et d’un autre ces bouts de rythme que je voulais utiliser, l’assemblage des 2 a fait club’84. Ce petit coté " disco " me bottait bien. Du coup je dirais d’abord désorienter l’auditeur, ensuite briser la glace et enfin, remuer un peu les orteils. Ou alors c’est choquant, c’est rigolo.

En écoutant once upon a dream je repense sans cesse à portishead, même si le morceau est loin du trip hop noir du groupe de Bristol. Vous cherchez cette tristesse, cette mélancolie même outrancière, ou tout cela s’impose à vous ?

— Vivien : Arno et moi avons les mêmes goûts musicaux et je crois que nous trouvons beaucoup plus d’émotions dans la mélancolie. Mais il est vrai qu’il est difficile pour Arno ou même pour moi quand je compose des morceaux de faire quelque chose de hyper dansant, on a l’impression de tomber vite dans le ringard ou dans le déjà vu.

— Arnaud : Oui, c’est un peu comme cela que ça vient. J’ai beaucoup de difficultés à m’enthousiasmer sur des compos " plus joyeuses ", j’ai besoin que ça touche la corde sensible… J’essaye de composer d’autres choses, moins sombres, ça vient doucement…

Votre musique aurait je pense du mal à se frotter à une voix masculine chantante. C’est la cristallinité qui peut expliquer ce sentiment ?

— Arnaud : Je ne sais pas trop. Parfois, lorsque je travaille sur les mélodies pour Béatrice, je suis tenté de chanter moi-même, mais après quelques minutes, je me fini toujours par me dire, " Béatrice le chantera tellement mieux " et c’est la cas. Elle a dans la voix beaucoup d’émotion, de chaleur et de sensibilité. Sa voix est vraiment riche.

Vous n’êtes pas tenté d’inclure des instruments dans votre univers, vous qui remixiez pas mal d’artistes, ou ce travail sur la relecture est il justement la possibilité de se frotter aux guitares par exemple ?

— Vivien : Sur scène, nous ne jouons qu’avec des vrais instruments. Et nous venons de terminer l’enregistrement de notre projet " live " où il n’y aura pratiquement que des instruments acoustiques. Mais effectivement, nous tendons en ce moment vers une envie plus acoustique avec des guitares, une basse…Le but étant de ne pas se répéter.

— Arnaud : Nous sommes effectivement en train de revenir un peu plus aux instruments acoustiques, pour la scène et pourquoi pas pour les prochains titres. Il y a sur l’album quelques basses, une ou 2 guitares et des pianos mais il est vrai que les remixes permettent d’essayer de nouvelles choses sans risquer de " dénaturer " Tara King th. C’est un bon terrain d’expérimentations, qui ouvre de nouvelles voies.

D’ailleurs, qui est le premier demandeur pour un remix ? Comment c’est passé par exemple la rencontre avec Dionysos ?

— Arnaud : Jusqu’à présent je me suis proposé assez souvent, auprès des artistes que j’apprécie. Je trouve l’exercice du remix extrêmement enrichissant. Pour ce qui est de Dionysos, nous nous sommes croisés quelques fois, étant de la même région et je leur ai proposé de remixer un de leur titre.

Pourriez-vous nous parler du travail graphique de la pochette dans son ensemble ?

— Vivien : Xavier, le beau-frère d’Arno est graphiste, c’est lui qui a conçu le visuel de ce deuxième album. Je crois qu’il a bien retranscrit l’univers musical.

— Arnaud : Oui, il en parlerait sûrement mieux que nous. EN tout cas nous sommes ravis du résultat.

S’il fallait vous classer vous vous gareriez entre qui et qui ?

— Vivien : Je pense entre Elysian Fields, Air, Portishead et Goldfrapp, çà me semble honnête. Qu’en penses-tu Arno ?

— Arnaud : Oui, ça me va, mais je trouve que c’est un exercice pas évident et risqué. Je préfère laisser les gens nous ranger eux même dans leur discothèque.

Le titre de ce disque est-il en filigrane " slow motion ", le tout en rose ?

— Arnaud : A peu près oui…C’est avant tout un clin d’oeil à Curtis Newton dont l’album s’intitulait " slow motion space ". Par ailleurs, je pense que s’il n’y avait qu’un titre sur l’album, il s’appellerait " slow motion ", ça résume bien le disque. Le rose, c’est pour le romantisme !

Comment souvent je pose la question, mais partez-vous d’image pour la création de morceaux ? N’est-ce pas le descriptif émotif qui peut être le point de départ de la musique ?

— Arnaud : Oui, souvent mais elles sont dans ma tête. Lorsque je compose, je me retrouve souvent involontairement comme dans une image, dans une situation précise de laquelle découlent des émotions, des sentiments qui donnent souvent le ton du morceau.

Où en est le projet Invasion ?

— Arnaud : On avance doucement à ce propos, le disque est pratiquement terminé, il y aura finalement une douzaine de titres, tous dans un esprit " invasion / super-hero " et nous sommes en train de travailler avec Bunker8 sur un dessin animé sous forme de clip vidéo. On espère que le projet pourra sortit courant 2006. A suivre donc…

Après Harold ne vous est-il pas venu l’idée d’un album totalement dans le narratif ?

— Arnaud : Oh non. Harold est un projet très a part et je suis surtout musicien, pas très texte. Et puis il n’est toujours pas sorti et nous avons tous envie d’amener ce projet à terme avant d’envisager autre chose dans le genre. De plus, il est visiblement très difficile (voire impossible) pour les maisons de disques de trouver une manière de promouvoir ce type de projet alors …

Vous vous servez du net pour communiquer votre musique en témoigne vos deux participations à nos compilations et votre EP de remix en téléchargement libre ? Vous avez l’air de percevoir les bons côtés du net pour la musique ; vous pourriez l’expliquer à Pascal Négre (sic) tout en comprenant les dangers aussi du téléchargement ?

— Vivien : Pour des groupes comme nous, je crois que la communication sur internet aujourd’hui est incontournable. Présenter de la musique gratuite pour nous est encore un bon moyen de se faire connaître. Un groupe qui a un peu le même statut que nous dans l’univers musical aujourd’hui doit soit écumer les salles de concerts et/ou bien communiquer sur lui. Il y a une vrai diversité musicale aujourd’hui même si elle est mal représentée et je pense que internet et le téléchargement ont contribué à cet essor de la culture. Il est vraiment plus facile aujourd’hui de trouver un album rare ou un import sur le net.

— Arnaud : Oui, je ne pense pas que le téléchargement tue le disque. C’est selon moi un autre moyen de découvrir des artistes. Actuellement, la diversité n’est vraiment pas représentée sur les medias " traditionnels " et je préfère que quelqu’un télécharge notre disque pour le découvrir plutôt que de passer à coté sans même le voir, faute de médiatisation. Les gens téléchargent 10 fois plus de musique qu’ils n’achètent de disques mais du coup, ils en écoutent 10 fois plus aussi. Auraient-ils acheté tous les albums qu’ils ont téléchargés ? Sûrement pas. Ont-ils aimé tous les albums qu’ils ont téléchargés. Sûrement pas non plus. Plutôt que d’écouter 8 fois le même titre à la radio, on a le choix sur internet. C’est bien. Et quand on aime un artiste je pense qu’on finit par acheter le disque, aller le voir sur Scène etc.… J’ai du mal à faire la différence entre la personne qui enregistrait des titres à la radio sur une K7 et celle qui se fait aujourd’hui des compilations mp3. Pour moi c’est exactement la même chose ! Si j’achète un disque, j’achète un objet et je fais confiance à un artiste. Enfin, on pourrait en parler pendant des heures… Tout cela est compliqué.

En revenant à ce nouvel album avez-vous utilisé des samples pour les morceaux ?

— Arnaud : Très peu, des petits bouts de vieilles émissions de radio, mais trois fois rien. C’est le plus souvent pour apporter une petite touche " vieillotte " qui me tient particulièrement à cœur.

There are still things to gaze at à quelque chose de complètement aérien, un survol des choses en cinémascope. Vous êtes vous-même souvent au-dessus du sol (o ; ?

— Vivien : Je crois que nous sommes réaliste et aussi un peu à côté de la plaque mais c’est important d’être un peu au-dessus du sol, sinon on n’avance pas. Les maisons de disques sont très réalistes et vous dégoûtent très vite de l’industrie musicale, il faut effectivement rester un peu dans les nuages, c’est essentiel

— Arnaud : Oui et non. Lorsqu’on fait de la musique, on est effectivement un peu au dessus du sol. Par contre dès qu’il s’agit de promotion, marketing et tout ce petit bordel, on retombe vite dans la réalité, une réalité un peu agressive. Du coup on alterne entre les nuages et les inquiétudes bien terre à terre.

Pour sad thoughts vous employez un piano très suggestif. Si on vous classe comme des constructeurs d’atmosphères, vous vous insurgez ?

— Vivien : Non, c’est plutôt un compliment.

— Béatrice : Ah oui ah oui !

— Arnaud : Ca me va… C’est une de ma volonté première, poser un décor, une ambiance.

Pour en revenir à sad thoughts pas mal de fantômes rôdent autour… quelles sont vos influences, vos sources d’inspiration ?

— Arnaud : Ah, je me suis dit la même chose. C’est fou le monde qui " rôde " dans celui là… Les influences, elles sont vastes... Je suis surpris parfois du resultat de certains titres, je me dis, tient ils vont penser que je suis fan des Eagles !!! (par exemple) mais bon… Les influences donc : je ne sais pas trop, c’est difficile de dire ce qui m’influence, c’est dans le résultat qu’on en découvre. J’écoute Billie Holiday, Portishead ou encore Interpol… ah oui, j’aime bien le " Tom Jones " des années 70 aussi ! Sinon, pour ce qui est des sources d’inspiration, il s’agit souvent de sensations (vécues, ressenties en voyant un film, une photo…) C’est ce qui m’inspire le plus, je me met en situation.

Avez-vous prévu quelque chose de spécial pour le rendu de ce disque sur scène ? Encore une fois des images peuvent-elles d’imposer à vous, mais a posteriori ?

— Vivien : Sur scène, le disque est beaucoup plus acoustique, çà crée un vrai contre balancier à l’album, ce qui en fait un disque très complet au final. Pour les images sur scène, nous voudrions bien avoir effectivement des images qui défilent derrière, avoir une atmosphère en plus, pour que les gens soient happés par ce qu’ils voient et arrivent à voyager. Mais à vrai dire, nous ne nous y sommes pas encore penchés.

— Béatrice : d’abord, le rendu des morceaux est très différent, plus acoustique, et plus allégé, et puis on travaille avec une ingé lumière et son ami qui fait des oreillers qui pendouillent sur scène. Nous avons aussi, des grosses boules de jardin et une guirlande de noël. Tout cela est très scintillant.

— Arnaud : Voilà voilà… Disons que la scène est une chose qui prend beaucoup de temps, beaucoup plus que faire un disque, du coup, les choses se construisent très lentement, s’ajoutent au fur et à mesure des personnes qui participent au projet, et c’est cette " assemblage " d’idées qui fait le rendu scénique. Pour tara king th, faire un disque est beaucoup plus simple que faire de la scène.

Pour finir c’est quoi l’avenir de tara king th après la sortie de ce petit bijou ?

— Vivien : Des dates à la rentrée, des remix, musiques de films, le projet acoustique de l’album que nous aimerions sortir avant la fin de l’année, travailler sur de nouveaux morceaux…

— Arnaud : Oui, plein de projets quoi… En espérant pouvoir sortir tout ça dans de bonnes conditions.

Le mot de la fin est pour vous

— Vivien : Poème : Pigeon. Oiseau à la grise robe, Dans l’enfer des villes, A mon regard tu te dérobes, Tu es vraiment le plus agile !

— Béatrice : Bon ben après ça qu’est-ce que je peux dire ? C’est très joli Vivien !

— Arnaud : Voilà, voilà !

© Copyright A découvrir absolument Tous droits réservés