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Ayant parlé de « Du surréalisme un rien bestial » pour le premier LP du groupe, j’ai dû me résoudre à reprendre le travail pour écouter ce disque, ma maison étant habité depuis peu, par un être fait de douceur de gentillesse, de grâce, mais aussi d’une ouïe fine rétrécissant sensiblement les nuits de ses parents.

Mais l’idée était elle bonne, car reprendre le travail après six semaines, avec comme bande son une probable déflagration sonore et nerveuse. La simple vue de mes collègues pouvait me hérisser le poil, comme si je triplait d’un coup d’un seul ma caféine sonore, le pire était à craindre.

Déjà sous ces stridences, ses répétitions diluviennes, ses manifestations d’une énergie en surabondance, se cachent des rondeurs, des gros nounours sympathiques. Quand les violons sonnent les cavalcades, ce sera la basse qui proposera une pause câline. Quand les voix décideront de manifester leur existence, c’est une guitare tout en relâchement, mais aussi en précaution quasi parentale, qui veillera au grain pour ne pas réveiller le monstre. Quand ces mêmes guitares se prendront pour Gaudi, là on laissera nos oreilles rêver.

Ensuite, et surtout, ce qui fascine c’est cette façon de rendre le math rock digeste, de lui retirer sa lactose possible, de lui déboucher soigneusement le nez pour qu’il respire le grand air, qu’il sorte de sa pièce étriquée, et de le recouvrir d’une turbulette de douceur. Ceux qui trouvent cette étiquette musicale tout juste bonne à faire les soldes devraient revoir leur jugement, le math rock est à un virage, il se nomme « Revenge Of Doormats And Coasters »

Pour finir, alors que Goodspeed semble parti dans une autre constellation pour y exploser comme une super nova, Action Dead Mouse reprend le flambeau, avec un semblant d’onirisme, un brin d’humour et un sens de l’épopée caractérisé par un « Dancing Paper Solo » qui fera date.

Jamais extravagant, toujours juste dans ses choix, Action Dead Mouse signe un monstre gentil, un disque gardant ses griffes, tout en laissant entrevoir un œil légèrement humide et des envies de gambader à se rouler dans l’herbe. On ne croise pas souvent ce genre de disque, qui en choisissant l’adversité parvient à donner à tout le monde l’envie d’aimer. Quel bel été 2009.




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