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Une « Ouverture » instrumentale qui fout la frousse. Une frousse qui s’accentue peu à peu, qui soulève la peau, met sous pression les artères. Une frousse qui force l’écoute des moindres bruits, crissements et tremblements. Bienvenue sous terre, dans le Territoire d’Olivier Arson, Français exilé à Madrid, et déjà auteur d’un album solo en 2009 sous le nom de The Folding and the point ! Un calme relatif qui bouscule l’équilibre sensoriel, convulse notre corps de mouvement hypertendus. « Blanc » est le monument perdu de ce monde souterrain. Une longue prière de dix minutes avec ses textes lus, murmurés, et cette voix criarde faite de haine et de colère qui gueule la vérité d’en-bas (celle que nous envoyait aussi à la gueule Frédo Roman de NonStop). Qui passe d’une ambient aux sons telluriques de gouffres qui s’étouffent à un post-rock agitateur, criant son désespoir (« pourquoi tu continues si t’y crois plus »). Ce « Blanc », on le croirait surgi d’un album de Migala. Ce n’est donc pas un hasard de retrouver Abel Hernández, la voix de Migala, sur la production de cet album. Cette musique communie avec le sous-sol, tétanise l’écorce terrestre, tels les rires résonnants de « Ton Père » qui glacent le sang. C’est une musique des souterrains humides et sombres.

« Vesica Piscis » amorce la lente remontée des ténèbres vers la surface, « la frontière ». La musique se fait plus aérienne, moins parasitée. Les sens reprennent vie petit à petit (respiration, odeur...), le corps se redécouvre (museau, langue, lèvres, bras...). La voix chaude et joliment accentuée de Miren Iza (Tulsa) sur « Le Désert du Namib » achève de nous réconforter, plongés dans ce bain bouillonnant bienveillant et paisible, tandis que les deux instrumentaux, « Resplandor II et IV », libèrent les lieux des fantômes et fantasmes qui continuaient de le peupler. Mais, avec « l’Autodafé », ses boucles de guitares (qui rappellent l’album récent d’Avondale Airforce) et son ascension sonore à la Migala, le retour sous terre se fait d’autant plus vertigineux, les ailes brûlées vives.

« Mandorle » évoque donc avec effroi et espoir ce passage étroit des entrailles ténébreuses du monde à la lumière de sa surface.




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