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Qu’est-ce qui différencie un album mélancolique d’un disque lugubre ? On ne sait jamais vraiment trop d’où provient la mélancolie de certaines chansons là où le lugubre possède toujours des causes identifiables : la colère d’un « Pornography » (The Cure), la déchéance junkie d’un « Do or Die ! » (Nico) ou les penchants suicidaires d’un « Seppuku » (Taxi Girl).

Les néerlandais de At the Close of Everyday, dont le formidable « Monsters » (compilation regroupant inédits, raretés et titres extirpés des neuf albums, singles et live du groupe) vient aujourd’hui fêter les dix ans, appartient à une veine mélancolique qui trouverait racine dans le meilleur de l’indie-rock américain des 90’s. Erudite mais tranchante, cajoleuse mais bouffée par les idées noires, symphonique mais dépendante de l’électricité, cette musique évoque le spleen réconfortant des premiers Smog ou Red House Painters (la voix de Minco Eggersman n’est d’ailleurs pas sans évoquer celle de Bill Callahan). Il faut en effet entendre de quelle façon At the Close of Everyday reprend une institution telle que « Under the Milky Way » de The Church : alanguie, morose, la gueule dans le guidon et le cerveau cramoisi.

Mais ce qui rend cette musique si apaisante, si fraternelle, réside dans ses montagnes russes. A l’instar de Smog qui pouvait passer d’un folk tortueux à une enivrante décharge de larsens, At the Close of Everyday ne choisit jamais entre langue anglaise et néerlandaise (la plupart des intitulés de leurs albums sont dans la langue originelle), ballades orchestrales et titres francs du collier, atmosphères plombées et soudaines éclaircies… Ce sont avant tout des chansons qui reflètent une série d’humeurs et de cogitations personnelles, avec les inévitables confusions et contradictions qu’implique une pensée en perpétuelle ébullition aliénante. Autant dire que ces chansons nous ressemblent tant elles fricotent, comme hier celles de Bill Callahan et Mark Kozelec, avec le doute et l’angoisse, la peur et la satisfaction du bonheur éphémère.




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