J’attendais ce disque depuis plus d’un an, depuis que mes yeux croisèrent le torse nu du Moz sur le dvd live at manchester. Ce type que je prenais pour l’archétype du mâle que j’aurais voulu être prenait du plomb dans l’aile, et comme moi du gras en guise de poignée. Quand la pochette de Ringleader Of The Tormentors c’est alors présenté à moi, c’est une autre flèche qui me transperça le cœur, le Moz vieillissait, comme moi d’ailleurs, comme vous, comme nous…Mais donc le Moz était comme nous ? Ce type à la voix démoniaque, cette tronche à ranger Clooney et sa bande dans des boites à chaussure Prada, n’était pas éternel, et pourtant. C’est là que nos vies s’éloignent, et que Morrissey touche à quelque que chose que peu pourront revendiquer, l’éternité. Et c’est certainement conscient de cela que Morrissey signe avec Ringleader Of The Tormentors un disque aussi différent que relâché, un disque dans lequel Morrissey chasse certains démons pour en laisser d’autres apparaître. Cet album est à coup sûr le premier d’un longue lignée, le point de départ du Morrissey qui ne s’inscrit plus dans l’instant, mais dans une vision plus globale du temps, comme peut le faire Neil Young ou pouvait le faire Sinatra, car pour lui comme pour eux le temps n’a plus de prix…sauf sur son ventre.