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Mais qu’est-il donc arrivé à Camille Berthomier, la Jehnny de John & Jehn ? Nous la connaissions rassurante et réconfortante, la voici, au sein du quatuor Savages, prête à en découdre avec toute une filiation post-punk / cold-wave qui ne lui avait pourtant rien demandé. Après Dum Dum Girls, Veronica Falls et Battant, l’auditeur ressent-il sérieusement le besoin de se farder un nouveau groupe de gonzesses éructant façon Siouxsie tout en triturant basse, batterie et guitares avec en tête les souvenirs de Wire et Joy Division ? A l’écoute de « Silence Yourself », premier album de Savages, la réponse est… oui, trois fois oui ! D’abord, raison basique : le disque déchire, tout simplement. De « Shut Up » à « Marshal Dear » en passant par quelques furibards « Waiting for a Sign » ou « She Will », les potards sont dans le rouge, les guitares ne font aucun quartier, la basse se dodeline avec une morgue génialement sexy. « Silence Yourself », d’abord un album qui surprend par sa puissance sonore, puis par l’alchimie unissant la voix proto-punk de Jehnny à toute cette déflagration (jusqu’à pousser les filles de Dum Dum Girls à se tenir la tête à deux mains, dépitées d’envies).

Mais Savages, au-delà des crissements de pneus et des tôles fracassées contre des murs en béton, balance des chansons qui tiennent diaboliquement la route (quand bien même s’agit-il de la route 66 avec son passage de bandes blanches à des lignes jaunes). Facile d’admettre, au bout de quelques écoutes, que le boucan est ici affaire de faux-semblant. Les mélodies se révèlent entêtantes, les guitares ne manquent jamais de belles trouvailles rythmiques, quelques accords de piano (comme sur « Marshal Dear », grande chanson) permettent d’apporter une résonnance atmosphérique supplémentaire au déluge de guitares intervenant par à-coups.

Nous parlions plus haut d’une morgue génialement sexy... Ce n’était pas que figure de style. En effet, « Silence Yourself » est un disque parfait pour bien se réveiller le matin avant d’entamer quelques tendres ébats romantico-graveleux avec l’élue (ou l’élu) du cœur. Mieux qu’un vieux Prince funky (ça, c’est pour les débuts de soirées) ou un classique des Lounge Lizzards (lorsque les amoureux ne savent pas trop quelle bande-son pimentera leur après-midi charnelle), « Silence Yourself », et c’est une sacrée qualité, donne envie de se jeter sur le corps de la (ou le) partenaire avant même la première clope et le premier café sans sucre… Assumons la trivialité : le premier album de Savages est un sacré dopant pour les hormones.




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