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Voila déjà plusieurs semaines que l’on s’infuse le premier EP de Luna Gritt comme un baume au cœur. Ce duo nancéen (Claire V. au chant, SEdd à la musique) touche en effet une corde sensible chez l’auditeur : celle de se confronter à une musique faussement enjouée, à une pop faussement acidulée. Car à l’image du déchirant vidéo-clip accompagnant la chanson « Be Happy », Luna Gritt est rongé par la mélancolie et l’inquiétante tristesse. Comme un Tim Burton enrobant de noirceur un conte féerique, il y a ici un puissant contraste entre la musique (sobre, magnifiquement arrangée), la voix de Claire V. (impressionnante de textures soul) et un climat qui ne donne finalement guère envie de sourire. Sans pathos mais avec une évidente sincérité, Luna Gritt retient l’une des principales caractéristiques de la pop (pop au sens bubble-gum, accords entraînants et chant cajoleur) : derrière la façade aguichante et les mélodies ensoleillées (et dieu que celles aujourd’hui concoctées par Luna Gritt le sont), il n’y a qu’histoires d’amours foutues, cœurs en miettes, regrets et remords. Des Smiths au Pet Shop Boys en passant par Marc Almond, on connait très bien cet art de trousser des refrains éternels au service de paroles dignement mélancoliques, tendrement résignées. Et pour cause : le meilleur de la pop se trouve dans ce délicat nivellement entre le lumineux et le sombre, la clarté et la mélancolie (même pas la peine de citer Morrissey en guise d’exemple, on peut remonter jusqu’aux productions Motown). D’une classe folle, l’imagerie de Luna Gritt participe également à l’enchantement. Chez ces nancéens, la forme se soigne autant que le fond. A l’instar de cette musique, de cette voix et de ces mots (pas toujours très tendres), le visuel crée un petit univers, un monde à la fois réaliste mais légèrement en apesanteur. Il y a donc ce vidéo-clip (« Be Happy ») partant du ludique pour finir par une terrible note de désespoir, mais également et surtout le superbe design accompagnant la sortie CD de l’album (conseil : ne vous contentez pas d’une écoute bandcamp, achetez cet EP et posez-le en évidence sur l’étagère à disques tant celui-ci est beau). Car Luna Gritt ne se contente pas de grandes chansons : Claire V. et SEdd possèdent également le look, l’esthétique, la touche en plus.

Inutile de dire que l’on attend maintenant le premier LP de Luna Gritt avec une impatience folle. Pour cautériser les peine amoureuses, à ce jour on ne voit pas mieux que les chansons douces-amères de ce duo promis à un bel avenir (ce ne serait que justice et logique).




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