Un cabaret, un cabaret ça sent la sueur en tissus fins, des soies tachées d’efforts, un cabaret ça sent les enfants maudits obligés aux vices avant que d’être viciés, ça sent les coulisses illuminées de lampions et cierges multicolores où s’aiguisent les acteurs, et les scènes obscures où les drames donnent le spectacles aux alcooliques d’amour, des planches vernies de sang, de songs, des burlesques teutons, des ballets russes, des voix d’ici, d’ici bas, d’ici tout bas. Un cabaret ça vie des détresses portées aux comédies, aux opéras bouffes, au plaisir, ça vie des blessures des clowns, des jambes porcelaines de vedettes frappées de nausées, dont les vertiges coupent les envols en petit saut dans des lits d’ici, d’ici tout bas. J’entre dans « entre mes jambes » fier comme un argentin a deux doigt d’entreprendre un tango, je me dis qu’un dernier tango, oui, le long de cette voix de matelot féminine, sirène usée des ports, le dernier tango, fier, homme, viril, tant bafoué par ces femmes si fortes, si puissantes, j’entre en écartant les rideaux pailletés, bar burlesque international comme un nouveau venu au cabaret, assoiffé du rouge des velours muraux, effrayé des sofas vermillons et des vernis a ongles sanguins, sans savoir ce qui est vrai et ce qui cris au mensonge. Une voix teutonne aux accents andalous joue les timides sur fond de boite a musique, et les femmes qui semblent offrir leurs danses macabrement sensuelles sont des lionnes affamées(Kensington Park). Mais voila que la lame que j’aiguisé sur les bras de bois dorés des canapés, n’a plus la force de vengeance, entre ces parois ecarlates, aucun homme ne reste debout, seules les femmes s’elevent, ici tout homme est enfant, et les souvenirs nous font vaincus, et l’assommoir de nos vies nous renverse en larmes sur le bar souillés d’alcools d’autres, l’assommoir, si beau dans sa triste vérité, dans sa détresse d’images presque oubliées, dans son spleen de voix gouaillante parfaite d’émotion, dans sa mélodie exacte au regard si réel, l’assommoir qui découvre toutes vraisemblances, toutes preuves, qui chante par le cœur, sur la scène presqu’obscure, au fond délaissé du salon rouge, espérant que je l’entende, et je l’entends, si fort, je l’entends, comment ne pas entendre ce chant, comment ne jamais l’oublié. La vedette change, partie la frêle choriste attristée, viens la vicieuse, quel nom qu’elle porte, on l’a connue, on l’a voulu, elle a toujours été là, a chauffer nos peaux de ses mouvements lascifs, qui invite en vous avouant ses dangers, le monde d’ entre les jambes, autant braise que banquise, rageuse vedette offerte qui rocke les classiques français de decenies passées comme on confesse les légers pêchers. Et quand l’extase s’approche au bas des ceinture du pauvre invité, quand le danseur de tango rabaissé pense tenir le plaisir entre ses verres et mains, disparait la vedette et la Walkyrie teutonne vous transperce d’une marche militaire, insultant par l’accent les faiblesses (Mein mann) dans un rythme cardiaque de chevauchée rancunière, j’étouffe dans ce cabaret, tout est si puissant que je me sens un rien, moi qui cherchait l’autre moi en entrant écartant les rideaux, pensant consommer des femmes en boite dans cette boite a femme, je découvre que ce sont elles qui aiment, ce sont elles qui ressentent, elles qui commandent, moi, j’ai subis leurs spectacles menés et malmenés, en sortant j’aurai encore le vrombissement de ces chants ancrés comme tatouage, comme une première fois charnelle, émus de milles rouges nuancés, amoureux de tout ces shows, serrant dans le creux de la main droite les mouchoirs qui ont reçus mes blessures, et dans la main gauche, avec douceur, caressant presque, le flyer pourpre de ce lieux déjà adoré, déjà nécessaire, sachant enfin ce qu’est l’univers, entre ces jambes.
Pour ceux qui n’arrivent pas a s’imaginer ce disque suite a ma chronique, a comprendre le pourquoi de mes mots, je les invite, j’ai un accès vip, il suffit d’ecouter K ! pour me comprendre, et entrer voir.