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Play - S’éveiller sans trop savoir où l’on se trouve, emmitouflé dans une sérénité teintée de nostalgie, en équilibre sur un fil d’acier, errer entre deux eaux, fluctuer, hésiter, émerger dans un décor aux contours flous, une forêt épaisse trouée de quelques rais de lumière, une pièce sombre aux fenêtres embuées, juste éclairée par l’écran d’un ordinateur d’où s’échappe une musique entêtante, une chambre aux murs liquides, déceler entre deux nappes de brouillard ce corps qui se désincarne et s’évapore, une brume éparpillée et les lignes de cette silhouette incertaine qui se fondent pour confondre l’ironique comédie de l’âge adulte, le seul véritable âge ingrat, apprécier sans fard un lendemain d’excès comme au bon vieux temps, se laisser glisser, dévaler sur le ventre le talus des certitudes, descente freestyle en slow-motion, tanguer entre les repères chavirés, l’envie de remonter le chemin tortueux des années écoulées, la mélancolie en bandoulière, de se laisser porter par cette musique insaisissable qui nous enveloppe de ses nappes évanescentes, plonger, laisser le temps se débrouiller sans nous, oublier les frontières, les lignes, privilégier la fugue, l’école buissonnière, l’envie - Rewind.

Play - Équilibre parfait entre mélodies carrées souvent franchement emballantes et sons encrassés, « The Bloom Of Division », le disque du rennais Marble Arch (ex_Maria False) peut être légitimement considéré comme une belle réussite de revival shoegaze, dans une version modernisée, racée, intelligente. Mais plus qu’aux références de rigueur (Slowdive, Jesus & The Mary Chain, My Bloody Valentine, …), le climat brumeux mais lumineux de ce beau disque fait rejaillir les émotions ressenties à l’écoute du « Heaven’s On Fire » des suédois de The Radio Dpt. Même mélancolie animée, même flou protecteur et apaisant, mêmes digressions sonores pop, ludiques et joyeuses. Petite merveille de régression minimaliste et rêveuse (Ah ce « Heartshake » !), cet album est plus qu’une simple réminiscence musicale d’un passé un peu brumeux. C’est l’envers du miroir, celui dans lequel chaque matin on guette en vain les signes d’un arrêt du temps, celui où viennent parfois en surimpression les traces d’une jeunesse ajournée, c’est un passage secret vers un passé pas si dépassé, un tunnel caché vers des paradis pas si perdus et pas si paradisiaques, comme un retour en soi, un voyage sur ses propres traces, dans un nuage bienveillant et rassurant parce que familier, un périple dans les limbes, un rêve chaud et incertain, un présent insaisissable qui se joue du temps et de l’espace – Rewind.

Play - Une voix flottante, en retrait, réverbérée, comme une voix off, qui tel un serpent s’immisce et s’enroule autour des riffs dégainés, des guitares en roue libre et des boites à rythme un peu crades, comme des souvenirs qui remontent à la surface. Un trip intimiste et flou, qu’on hésite à partager, qu’on préfèrerait garder pour soi le plus longtemps possible, un week-end sous la flotte dans la campagne normande ou anglaise mais plein de promesses pour les jours à venir, un dimanche sur le canapé à ralentir le temps. Une délicieuse contemplation embrumée, parsemée d’intrusions de lumière, un plaisir vrai et mélancolique. Un disque touchant, accessible, attachant. Rugueux et onirique. Un concentrée des oxymores de l’enfance et de l’adolescence – Rewind.




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