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Tout commence par quelques notes en forme de son 8-bit, qui ne sont pas sans rappeler l’intro de Mars, le précédent album. Puis une grosse basse vient réchauffer la bande passante pendant quelques mesures, accompagnée par une batterie légère qui, sans qu’on se l’explique, incite naturellement notre bassin à se déhancher tout seul, discrètement. Et enfin cette voix divine, tout à la fois androgyne et hypersensuelle. Mean Love est lancé.

Ce troisième album de Sinkane, artiste anglo-américano-soudanais est sans doute la pépite la plus douce de la rentrée, en même temps qu’elle est sans doute celle aussi dont on a le moins parlé (sans doute à cause de la sortie de Caribou qui, tiens tiens... est un ancien collaborateur du monsieur dont on parle aujourd’hui). Si le précédent opus lorgnait plutôt du côté du fusion jazz, celui-ci s’ancre clairement dans la soul pure et moderne en même temps. Ainsi avec Mean Love, titre qui donne son nom à l’album, on croirait voir renaître Percy Sledge et son mythique When A Man Loves A Woman.

Mais ce n’est qu’une petite partie des facettes de Sinkane qui, a bien des égards, se positionne artistiquement dans la droite lignée de Demon Fuzz, ce groupe obscur des années 70 qui a produit le magnifique LP Afreaka ! L’on trouve aussi, avec le titre Galley Boys, une forte inspiration (pour ne pas dire reprise des) Beatles, toute en évanescence et en subtilité.

Tout Mean Love possède d’ailleurs cette teinte sensuelle et un brin mélancolique qui fait qu’on ne se lasse pas d’écouter cet album le soir, une fois que les rues sont vides, que les gens dorment et que, par une insomnie incompréhensible, on enchaîne les cigarettes en se disant que si ces quelques instants pouvaient durer toute une vie, ce ne serait pas si mal. Cet album est un moment suspendu, une grâce en lévitation, une démonstration magistrale du fait que la musique n’a pas d’âge et ne se doit pas forcément de s’inscrire dans l’époque à laquelle elle naît.

C’est une véritable masterclass que nous livre Sinkane, et c’est d’ailleurs le seul reproche que l’on pourrait faire à cette sortie ; un peu plus de folie et de psychédélisme auraient été les bienvenus. Cela aurait donné une dimension cosmique à un album que certains trouveront sans doute trop beau pour être honnête. Mais est-ce vraiment un défaut que d’avoir trop de talent au point d’accoucher d’un album dans lequel il n’y a rien à jeter ?




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