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Quand on vous parle de J.pop, vous partez en courant. Je ne pourrai pas décemment vous donner complètement tort tant les guimauveries sirupeuses de ces jeunes filles au charme pour le moins désuet avec leurs robes fluo collent aux doigts comme de la marmelade à bon marché et leur univers qui atteint des sommets de mauvais goût comme revendiqué. Piana n’est pas dans cette catégorie.

Son Japon ,c’est le notre, celui de Ryuichi, des ruelles traversées de Jiro, des drames feutrés familiaux de Kore Eda en continuateur de Ozu.

Sans doute, serait-il temps de rappeler qu’en ces contrées là, les velléités de copiste sont depuis longtemps dépassées. Il existe bel et bien une scène foisonnante, bariolée en ces terres exotiques.

Citez moi là tout de suite sans réfléchir un groupe japonais. Il y a des chances pour que sorte Mono et son post-rock racé, peut-être Boredoms... Pourtant, ils sont bien loin d’être les seuls, pourquoi ne trouvent ils pas leur chemin jusqu’à nous ?

Allez donc découvrir Akira Kosemura,Haruka Nakamura, Motohiro Nakashima, Moshimoss,Kashiwa Daisuke ou encore le label Schole qui propose de bien belles choses, un peu coincé entre la musique contemporaine et une certaine vision de la Pop filtrée et déformée par un regard oriental.

Tout est épure, expression de doutes diaphanes, de craintes planquées dans des voiles dans ce quatrième album de Piana, "Muse". Titre approprié tant il semble convoquer les pythies endormies en nous dans les cavernes de glace.

On croisera Kate Bush, un Dead Can Dance goguenard, des Blonde redhead apaisés.

Pourquoi les japonais sont-ils habités par cette obsession oppressante d’Armageddon si prégnante dans le cinéma de Kiyoshi Kurosawa et dans les notes égrenées ici ?

Sans doute les spectres d’Hiroshima, de Fukushima, des tsunamis comme de saisissante évidence de ne plus retrouver son chemin dans une ville pourtant familière mais défigurée, détruite.

Il faut savoir être fragile, l’assumer. Etre l’éléphant qui déambule entre les pièces de porcelaine. Etre cette voix comme un murmure, cette femme que l’on voudrait serrer contre soi, une femme comme Stina Nordenstam ou Alison Shaw.

Pourtant, certains d’entre vous réagiront en rejet violent, dérangés par une apparente recette faite de facilité et de commodites quand d’autres comprendront cette pudeur qui recouvre les secrets, qui appelle l’attention, qui réclame le décodage.

Parfois rappelant le retour presque en grâce de Craig Armstrong à la faveur de son dernier album, "It’s Nearly Tomorrow", "mUse" prend parfois des tournures presque Noise, parfois des comptines étranges comme sorties de Conte de la princesse Kaguya.

Car au Japon, la musique n’est pas que la J.Pop dégoulinante, car là bas aussi, se construisent d’autres codes, d’autres manières de créer.




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