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Jouissif.

Oui je sais c’est assez étrange de lâcher le mot seul, sans la compagnie d’autres mots pour construire une phrase, mot qui normalement clos une chronique, synthétisant de façon tout à la fois fainéante et orgasmique, comme une non retenue, un sentiment.

Depuis « Plank », nous n’avions plus de nouvelles de ce beau projet. 4 années qui à bien y regarder ne doit pas nous inquiéter, ce laps de temps étant aussi celui séparant « Plank » du précédent « Monorail ». 4 années donc pour construire, comme un sportif entre une olympiade, une œuvre pouvant rivaliser avec les adjectifs les plus incroyables clôturant les chroniques.

Si Jouissif est le sentiment qui prédomine tout au long de l’écoute de ce disque aussi haut en couleur que la pochette, tout à la fois chaude et mystérieuse, la raison elle pourrait bien se perdre dans une comparaison qui je l’espère ne fera ni rougir, ni crier personne. Mais quelle comparaison allez vous me dire ?

Je vois déjà les sombres héros de l’amertume attendre avec la bave aux lèvres la moindre citation d’un groupe de post rock, vivant ou mort, mais aux ombres aussi usantes que les jérémiades clownesques d’une Françoise Hardy en fin de vie convenable. Non je ne pensais pas à cela, je pensais à un homme, et à ses derniers travaux, à type au sourire aussi apaisant que bienveillant, qui aura traversé les décennies avec la même classe et le même appétit à remettre du sens dans les sons, et les sons dans le bon sens. Oui, vous m’avez compris je parle de Brian Eno, de maitre Eno sur son trône austère, qui ne tente pas, mais influence, irradie. « Toucan » se rapproche beaucoup des travaux du maitre, réussissant un mélange tout aussi savant que proche de nos besoins les plus primaires de sons, de rythmes. Dans « toucan » des influences africaines se promènent dans la brousse avec les bases du Kraft-Rock, réussissant un brassage culturel qui donne à l’ensemble de ces six titres un appétit de découverte et une envie irrépressible se perdre à l’intérieur. Les six titres utilisent chacun d’eux un thème bien défini que nous verrons arpentés par des tributs sonores, par des changements de temps, de température, sans jamais rien dénaturer.

Le retour de Arnaud Boulogne et de Julien Harpagès est un sourire à mettre sur les visages fatigués et usés que nous portons, un écran de fumée colorée, non pas pour le cacher, mais pour lui donner l’envie de voir autrement. Alors 6 titres en 4 ans ce n’est peut être pas une cadence roborative, mais qui voudrait une coupe du monde chaque année, pourquoi nous souhaiter l’excellence journalière au risque de nous habituer à elle et de finir par la galvauder ? Il a fallu 4 ans pour avoir « Toucan », il en faudra certainement autant pour user ce disque qui se découvre d’écoutes en écoutes. Que vous ai je dit ? Jouissif.

Jouissif




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