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Il est des insuccès, des injustices que l’on ne parviendra jamais à vraiment comprendre... Le sort de Ron Sexsmith qui continue de peaufiner une discographie exemplaire quand tant de médiocres quidams récoltent les lauriers de la gloire. Je vous laisse à loisir remplir le vide virtuel et imaginaire que je vous laisse ici pour y poser le nom de nombre d’artistes surévalués ou encore bien trop doués en communication et en marketing pour être foncièrement dignes d’intérêt.

Je pense que Simon Raymonde, ancien Cocteau Twins et boss de l’excellent Label Bella Union ne me contredirait pas quand je dis que je n’ai jamais compris la quasi indifférence générale qu’a suscité la sortie des albums tous plus beaux qu’ont sorti The Czars en dix ans d’existence discographique de 1996 à 2006.

Pourtant, les atours étaient au plus haut dans cette Pop Haut de gamme avec l’émergence de l’une des plus belles voix de la Pop apparues ces dernières années, celle de leur leader, John Grant.

Ces chansons comme des drogues dures qui s’insinuaient longtemps et durablement dans vos veines bien après le fix.

Le groupe se sépare comme il a vécu dans l’oubli du plus grand nombre. On pensait pouvoir ranger John Grant à la catégorie des artistes maudits que les prochaines générations découvriraient dans quelques années avec stupeur.

C’est donc avec surprise que l’on apprend le retour aux affaires du père Grant en 2010 en seul maître à bord du "Queen Of Denmark" mais quand même épaulé d’un background de luxe, Midlake alors à son meilleur. John Grant rencontre enfin son public avec ce premier opus qui reprend à peu de choses près les affaires initiées avec son groupe défunt. Le petit plus supplémentaire, c’est peut-être cette impression diffuse de lever d’inhibition, d’envie de tout tenter qui se confirme avec le certes moins convaincant "Pale Green Ghosts" de 2013.

Le sentiment d’une libération, d’une envie d’expression neuve puisant à la source d’un crooner 2.0.

Il suffit de se laisser prendre par la version dépouillée et à l’os de "Where Dreams Go To Die" qui le rapproche de Harry Nillson période "Nilsson Schmilsson" ou du cynisme tendre de Randy Newman. Cette orchestration riche et nuancée apportée par l’orchestre philharmonique de la BBC finit de l’inscrire dans la lignée de cette école américaine toujours un pied dans la grandiloquence (pour ne pas dire le lyrisme) un autre dans l’épure.

Comment ne pas être débordé par "Caramel" avec ses arrangements tout en brisures ?

Comment ne pas sentir le "Glacier" fondre sous nos pieds dans cette lente progression qui joue de l’intensité et de la ténacité de l’orchestre au travail aux côtés de cette voix sublime ?

Parfois, on se rappellera de "Ara Batur" du "Með suð í eyrum við spilum endalaust" de 2008 de Sigur Ros.

Lentement, vous sentirez votre rythme cardiaque s’accélérer, des vertiges vous envahir, une suffocation confortable s’installer, des êtres étranges qui jouent dans les minuscules du parquet à vos pieds... Aucun doute, vous êtes une nouvelle victime du syndrome de Florence, aussi connu comme syndrome de Stendhal, vous savez ces personnes qui face à trop de beauté somatisent. Leur corps qui rejette trop de beauté.

Peut-on avoir une saturation de trop de beauté ? A vous de stimuler vos limites à l’écoute de ce live absolument fabuleux qui apporte une véritable relecture du répertoire de John Grant.

Si vous tenez jusqu’au bout de ce parcours lumineux, vous serez payé au centuple avec cette forme d’ironie que nous offre souvent l’histoire, la vie, ce pied de nez du destin, cet injuste oubli , cette inqualifiable indifférence générale face à la discographie des Czars avec cette version sublime de "Drug" qui permettra à certains d’entre vous d’enfin découvrir ce groupe qui aurait mérité d’être au plus haut.

Belle revanche pour John Grant et ses anciens acolytes, juste revanche pour lui.

Juste revanche pour nous....

www.bellaunion.com/artists/the-czars

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www.johngrantmusic.com




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