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Dans la masse des songwriters si peu émergent. Et pour cause, tant de déjà vu. Trop de déjà vu ! Je connaissais déjà Nicolas Quirin, mais pas musicalement. Il m’a envoyé son disque en sachant très bien le rapport étrange que j’entretiens avec les songwriters. Je ne leur demande que d’être sincères mais il semble que ce soit si difficile pour une bonne partie d’entre eux.

La sincérité est bien à l’honneur dans cet album qui ressemble tant à son auteur. Sensible, calme, pourtant animé d’un tourbillon intérieur que seule la musique libère. Comment traduire son titre ? Berceuse pour mon âme certes, mais qu’est-ce que ça nous dit ? Ça nous parle de ce dialogue personnel, de cette voix qui permet de mettre en mélodie des voies intérieures tout sauf impénétrables. Car Nicolas est comme sa musique : ouvert, accessible, généreux.

Il faut l’oser, un disque si économe (comprendre qui va à l’essentiel). Passer par là où est passé il y a peu Sufjan Stevens avec réussite, Bonnie Prince Billy (son dernier, sefl titled)...Ce n’est pas une histoire de barre placée haute, car au fond on s’en fout. C’est une histoire de réussir à un moment à se recentrer totalement sur son vécu et son ressenti, ce qui exige une grande maturité et un grand recul, celle dont a fait preuve Josh T Pearson avec « The Last of the country gentlemen ». Et bien Nico a eu, très tôt car c’est un premier album, cette maturité. Chacun a ses histoires qui le font grandir, et il a déjà trouvé son style, son approche, son écrin aussi. La voix est hallucinante, vibrante et ténue comme un fil autant que résistante et extensible.

On se souvient des premiers Elliott Smith dans cette façon de compléter ses mélodies avec évidence. On pense aussi grâce à ce disque que l’inachèvement du « Pink Moon » de Nick Drake était au final le sommet de l’esthétique du génial songwriter.

Nicolas Quirin se livre, mais nous parle aussi beaucoup de musique dans son album. Il faut dire qu’il la vit de plusieurs façons (ancien disquaire, programmateur, il s’occupe aussi du son dans des soirées). Les arrangements suivent cette absence de surenchère pour provoquer des émotions encore plus spontanées.

« Lullabies for my ghost » montre une autre face de ce personnage, le complétant et le faisant apparaître sous une nouvelle cohérence. Sa musique parle à sa place. J’ai aimé le disque pour le soin des mélodies, vocales et instrumentales (y’a de sacrés riffs et de magnifiques harmonisations). Mais surtout pour l’ambiance, le propos et ce qu’il représente : on peut laisser une empreinte avec simplicité, il suffit de rester honnête avec soi-même. Mais auto-centrer le propos n’a de sens que s’il peut s’universaliser. On se chante pour les autres, alors que la plupart des songwriters font l’inverse. Ils passent donc leur vie à sortir des albums, bons ou non, en foirant cet enseignement fondamental.

Bravo à toi Nicolas, quand j’écoute ton disque, mon âme fait sienne cette merveilleuse berceuse. J’en espère autant pour la vôtre !




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