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  • 19 juin 2018 /
    Tinals 2018
    “Jour 1 - vendredi 1er juin”

    rédigé par FLK & PAR
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Après une mémorable édition 2016, nous sommes de retour pour le This Is Not A Love Song Festival, où coolitude et chaleur sont de mise. À peine arrivés à Nîmes, la question qui nous anime est : va-t-on se prendre des orages sur le coin du nez comme un peu partout en France ces jours-ci ? En dehors de ces considérations métérologiques (mais un concert sous une pluie d’orage, faut avouer que c’est pas très engageant), on respire l’air chaud du sud avec une certaine satisfaction. On n’est pas bien là, décontracté, prêt à se plonger dans un océan de sons ?

En arrivant sur le site de Paloma, on se dirige vers la petite scène extérieure Mosquito où jouent Mummy’s gone, les locaux de l’étape qui ont sorti un album en début d’année. Beau challenge pour démarrer ce festival, car le public qui vient d’arriver sur le site prend encore ses marques et n’est pas forcément très attentif. Le trio batterie / clavier + violon / chœurs + chant / guitare acoustique nous propose une folk douce-amère, emmené par la voix rocailleuse du chanteur et de belles harmonies vocales avec les autres musiciens. Un de leurs morceaux nous rappelle un titre des excellents Waterboys. Une belle entrée en matière, toute en douceur.

Direction le complexe de Paloma, pour profiter du concert des anglais de Peter Perrett (et non pas Pierre Perret comme on a pu l’entendre, mouahah) dans la grande salle bondée et chauffée à blanc. Ils sont 6 sur scène, dont 2 choristes (mignonnettes) au clavier de chaque côté, qui jouent également du violon pour l’une et des percussions pour l’autre. Le chanteur guitariste a une voix grave, un tantinet nasillarde, comme un mix entre Lou Reed et Bob Dylan, et un look de rockstar avec sa veste rouge et ses lunettes noires. Le public se laisse vite prendre par leur rock-pop communicatif, ponctués par des solos rock’n’roll désuets parfois agrémentés de pédale wahwah.

Les très jeunes japonais de Dygl prennent la suite dans le patio pour de la pop-rock en anglais, bien ficelée mais sans surprise. Point t-shirt : Portishead pour le batteur, Metallica pour le guitariste. Le bassiste, à la coupe au carré parfaite, est très appliqué. Ça joue bien, c’est propre mais un peu convenu. En tout cas le public présent est conquis !

On fait ensuite le grand écart avec les vétérans de Sparks et c’est bien ce qui est plaisant dans ce festival. Doit-on encore les présenter ? Au cas où, pour resituer, ce groupe bien connu des années 70/80 avec leur titre phare « This town ain’t big enough for both of us » avait fait un fameux duo dans les années 80 avec les Rita Mitsouko sur « singing in the shower » barré à souhait ; ils ont plus récemment aussi collaboré avec Franz Ferdinand. Le concert commence par une intro musicale grandiloquente, devant une salle pleine, puis les musiciens entrent en scène, arborant tous une tenue noire et une veste rose. Les 2 frères Mael tiennent la scène jouant chacun leur rôle : le chanteur virevolte, explosant d’énergie et d’exubérance, avec une voix aiguë bien maitrisée, tandis que le clavier reste assis, taciturne, économisant ses gestes, le regard fixe. Il ne se lèvera qu’une fois vers la fin du set pour une danse libératoire, jetant sa cravate rose dans le public, avant de se rassoir, comme si de rien n’était. Leur musique puise dans le glam rock, le progressif, parfois le disco, avec ce brin de folie qui s’imbrique parfaitement à l’ambiance du festival et qui fait du bien. On s’attend à tout, on aime être surpris et on comprend en même temps qu’ils ont sacrément de la bouteille. On pourrait presque penser à un numéro de music hall et on en redemande.

Un message de dernière minute de l’équipe presse du TINALS nous informe que le management de Beck demande à ne pas photographier le concert. Comme on est nul en dessin, on fait une photo floue, de loin, pour ne pas nous attirer les foudres du groupe. Sur la grande scène extérieure, nous avons droit à un show grand spectacle léché et millimétré, avec des projections sur grand écran en veux-tu en voilà. Ils ont des chapeaux ronds vive la Bretagne, Il a un chapeau rond, et c’est bien Beck qui monte sur scène ainsi coiffé et superbement entouré d’une ribambelle de musiciens : Un batteur exposé sur une plateforme, son comparse bassiste à ses pieds, un guitariste proche de Beck et au dessus-d’eux, les surplombant, un guitariste acoustique, une choriste-clavier-guitare-ambianceuse en robe à pois, une guitariste, et un autre clavier. Ouf ! Jouent-ils vraiment tous ou alors est-ce plus pour le show et les rigolades en tournée ? Nous avons droit au tubesque et incontournable « loser », au milieu de morceaux aux mélodies répétitives et entrainantes qui enchantent le public. Puis Beck présente ses musiciens, un par un, en jouant des extraits de reprises… et c’est long, c’est long...on décroche et on va voir ailleurs.

Nous attendions impatiemment le concert de Moaning et leur rock noise-post punk, nous n’avons pas été déçu. Les 3 musiciens de Los Angeles nous emmènent rapidement avec eux dans leur belle énergie, le guitariste occupant tout l’espace disponible et jouant de sa guitare comme d’une bête féroce à dompter. 2e point t-shirt : Bart Simpsons pour le chanteur-guitariste, Metz pour le batteur et Warsaw pour le bassiste-clavier. Le chant monocorde, envoyé dans un micro avec bonnette artisanale, nous rappelle parfois Ian Curtis, contrebalancé par quelques cris déchirants. Ils remercient facétieusement Beck d’avoir ouvert pour eux sur ce festival. Les morceaux sont assez variés, le bassiste utilise de temps en temps du chorus et autres effets noise sur sa basse, et joue aussi d’un clavier aux ambiances froides. Cela fait 2 mois qu’ils tournent, loin des USA et de sa politique controversée qu’ils évoquent. La fin du concert est bien noise et le guitariste grimpe à la structure de la scène pour frotter sa guitare et déclencher des larsens. Ça Sonicyouthise, la jeunesse en plus !

Jesus and Mary Chain jouent sur la grande scène extérieure, avec leur nom projeté en lettres énormes sur l’écran géant, et « Jesus » écrit sur les différents amplis, bon sang mais c’est bien sûr ! Et le public ne s’y trompe pas, présent en masse pour le concert de ce groupe mythique. Bon, perso, on ne peut pas être trop nostalgique, parce qu’on n’a jamais été fan. Et on doit bien avouer qu’on décroche assez vite après quelques morceaux bien emmenés mais sans grande surprise. Tout de même une mention « chouette alors » quand arrive le titre « Head on » qui avait été repris à l’époque par les Pixies.

On se dirige alors vers la 3e scène extérieure Bamboo pour voir Bayonne. Seul sur scène, derrière une table recouverte par un tissu noir mal ajusté, l’homme-orchestre se sample en direct, créant les rythmiques et les mélodies sur lesquels il pose son chant. On admire sa dextérité à virevolter d’un instrument à l’autre, l’ensemble visuel dépouillé et sans fioritures nous laissant nous concentrer sur ses mouvements. La musique ambiante qu’il délivre est bien foutue, mais nous laisse sur notre faim.

Bilan de la journée : l’ambiance détendue du festival est bel et bien là, on croise des gens avec le sourire, qui font une pause délire vers "Le sound truck", animé par un bonimenteur et ses animations loufoques et dansantes. Côté concerts, on retiendra tout particulièrement de cette première journée les épatants Sparks et Moaning.




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