Le paysage a certes quelques brumes, de ces gouttes de pluies qui ressemblent beaucoup plus à des lames qu’a des larmes viennent nous tenir éveillés. Il y a des apesanteurs semées le long d’un serpent qui sert de sentier. Nos pas ne frôlent que le sol, mais on ne sait pas encore voler, alors on fait des trainées de comètes, des salissures d’astéroïdes, nos tempes battent un rythme quasi cardiaque, qui s’éteint parfois, puis assaillis le ciel. Savez-vous ressentir le surréalisme du son ?, savez-vous vous étaler comme le beurre sur le dadaïsme des émotions ?

Puis-je vous aider à découvrir un a un les poils qui s’hérissent ? Le paysage est une mélodie merveilleuse, pointillée de cliquetis et petits bruits insignifiants qui se font cohorte puissante dans leurs assemblages, le paysage est un orgasme derrière les yeux, dans le fond des orbites, là où jamais rien ne bouge, jusque là arrive la jouissance, "Signs are all gone" est pulpe d’écorce, la joie du métal, le toucher de l’air, tout ce que vous ne savez imaginer vibre là, dans les nuances de chaque vague, et plus tournent ces sillons, et plus la terre se sème d’envies, et plus tourne ce monde et plus il a besoin de ces rêveurs qui dessinent au réveil la vérité parfaite qui s’y est rêvée, la chair de la magie, l’âme des personnes. Oh j’aime quand ces musiques naviguent sur mes bons et mauvais moments, quand elles giflent, quand elles bercent, quand elles n’ont de fuites que celle de pénétrer, d’envahir, Sohn, Asgeir, Fink, Inga liljestrom, Loa Frida, Kramies les rois et reines des rêves, mages et leurs images, cette ampleur d’univers que l’on ne ressent qu’en soit, dans les mantras, les prières, et les sons mandalas qui apaisent nos guerres par le feu. Viennent les étoiles dans le nuits a la belle étoile, viennent les mariés de l’an mien, le couple Dekker (brookln et Ruth), les archanges Rue Royale, porteurs et portiers de tant de paradis qu’il en soit nécessaire, parce que les paradis ainsi n’en finissent jamais de nous attirer, parce qu’il est nécessaire d’avoir a porter d’ouïe ces élégances de planeurs aux cieux d’Aout, de sages sons susurrés sur des plages de nulle part, de la faiblesse avouée, de la paix intime pour nos violentes batailles intimes. Rue royale sert a cela, a flotter pour ne pas couler, a couler pour ne pas se noyer, a sombrer si la lumière y réside. Il y a un point de rupture où la musique devient plus que cela, où elle s’octroie le sceptre de nos vrais et faux, et joue à nous faire perdre pied en Icare ensoleillés, dans l’épaisseur a peine contrôlée de leurs grâces, dans la beauté de leurs danses sonores. Le couple a pour enfant le projet brillant de voler sans élan, doucement, dompter le vent, dans le calme de chaque instrument, répéter si il le faut le son mille fois pour qu’il prenne volume et matière, hypnotiser l’oreille pour que dans le sommeil, elle croit aux chimères, aux légendes, dans un monde liquide, coton, lisse comme la glace, amoureux de chaque mesure, chaque note, conscient des puissances et faiblesses de l’esprit quand il écoute, ceci est au-delà de la musique, ceci est presque ésotérique, ceci est spirituel, ceci est humanité, ceci est vie. Oh ne vous surprenez pas de me lire ainsi, ne vous surprenez pas de mes mots, il m’est impossible de ne pas voir par transparence toutes les images qui respirent dans ces chansons, ne soyez pas non plus surpris d’y être vous aussi présents, comme un rêve dans vos instants, c’est là que le disque est puissant, quand il vous prend, quand il défait le conscient, vous envoyant en vous, quand plus loin que le son, il est univers, ligne de flottaison, paix et passion. Ne soyez pas surpris, écoutez-le, laissez-le vous envahir de ces mélodies somptueuses, légèrement plastiques, légèrement organiques, envoutantes comme un baiser, ce disque est un portal à l’infini cloisonné dans nos épiderme, une douceur étincelante, un plaisir magique.