Damien Skoracki, qui se cache derrière ce nom de Helio Polar Thing est présenté sur sa feuille de presse comme un compositeur et multi-instrumentiste éclectique, et là je m’insurge, je m’inscris en faux pour être raccord avec les expressions datées très en marche compatible, non, ce garçon est un architecte. Il n’est pas sur une grande table inclinée avec des crayons à disposition, non lui façonne des structures avec la même faculté que certains animaux quand ils songent à se diriger ou se protéger, celle du retour de l’onde. Sur une surface vierge, Damien laisse se propager des notes, attendant que celles-ci se cognent, se réfléchissent sur les sonorités électroniques, cultivées avec le même amour qu’un maraîcher fait pousser ses légumes, sans calibrages, sans savoir par avance ce que cela donnera, mais avec l’assurance d’une dégustation pouvant être extatique. Ces rencontres sonores échafaudent donc une structure dépourvue du cahier des charges de la pop (couplet refrain) mais également celui de la musique électronique facile (rythmique répétée jusqu’à la nausée). Sans fil d’Ariane, sans sens giratoire ou plan dans cette ville des possibles qui sort de ces rencontres sonores, il est facile de s’y perdre, et c’est aussi cela qui fait le charme de ce disque, celui de retrouver son chemin, perdu dans ce labyrinthe en mouvement. Jamais démonstrative, cette musique fragilise nos certitudes et en récompense, nous détourne de notre réalité pour un univers virtuel aux aspérités créatrices. Ce disque n’est pas un disque de méditation, mais il vous permettra de méditer à postériori sur votre faculté à laisser une forme de hasard s’installer dans vos vies. Un disque d’Archi-texture et de plaisir.