De Toolong Records, nous connaissons ce goût immodéré pour la pop délicatement ciselée, artisanale, pure. Sans gras ni ajout toxique. Et dans cette confrérie toulonnaise (qui comprend El Botcho, Boreal Wood ou Dan Druf), Twin Apple, avec leur troisième album, condense toute l’exigence musicale, tous les partis-pris également, du label mené par Alex Telliez-Moreni : une sorte de voie express qui partirait de Liverpool (McCartney) pour bifurquer vers Brisbane (The Go-Betweens), puis continuerait tranquillement son chemin en direction de Colchester (Blur) et du Birmingham de Felt.

Ce qui surprend néanmoins avec Miss Sunbeam, c’est l’inquiétante décontraction du groupe. Les chansons sont parfaites, voire même irréprochables, mais empreintes d’une langueur qui ne donne guère envie de festoyer. Twin Apple peut se rapprocher d’un axe caribéen, rien à faire : cet album, pourtant chaloupé, s’écoute seul, pour soi, dans ce genre d’acte égoïste qu’autorise parfois la musique.

Sans doute car Twin Apple y exprime une émotion personnelle. Pour le groupe, la pop, outre une référence que nous imaginons issue de l’enfance, est surtout un bon réceptacle, un catalyseur aux pensées du moment. Le fond compte autant, sinon plus, que la forme. Cela participe au b.a.-ba de Toolong : une indie-pop qui donne à réfléchir. De la pop théorique.

Pop théorique, donc puriste. À l’heure où les revues musicales oublient un peu trop leurs origines, pour finalement virer buzz ou « leçon d’histoire pour les jeunes », une formation telle que Twin Apple pourrait, et ce serait triste, ne faire vibrer qu’une génération intermédiaire. C’est-à-dire : qui refuse la nostalgie comme le forcing contemporain. Une génération finalement un peu abandonnée, sans guide presse, traquant les blogs et les Webzines à la recherche d’un prochain coup de cœur. Twin Apple est un groupe qui nous ressemble, donc pas très dans l’air du temps (entre le passé et la recherche du futur, le présent est le grand oublié pop des revues musicales). Et si en 2019…