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Si la mélatonine est communément connue comme l’hormone du sommeil, il y a bien longtemps que nous savions que le trio messin composé de Mathieu Lozinguez, Alexandre Oury et Nicolas Tochet n’avait sur nous que l’effet inverse, et à vrai dire, le temps nous a semblé bien long, oui, douze ans, c’est long, rendant l’écoute depuis quelques semaines de Stances encore plus réjouissante.

« En tant qu’hormone du rythme biologique, la synthèse de la mélatonine s’effectue en deux temps. Le jour, un acide aminé, le tryptophane, est transformé en sérotonine, un neurotransmetteur important qui va en partie être stocké dans l’épiphyse. La nuit, cette sérotonine est sécrétée, et des enzymes vont contribuer à sa transformation en mélatonine » Merci Doctissimo.

Cette définition, aussi scolaire soit-elle, donne pourtant un indice à la fois sur la composition de ce quatrième album, mais également sur la nature même de la musique que le trio élabore depuis ses débuts. En effet, dans les compositions, et ce dès l’ouverture Deux Mille Cinq, le trio parvient à installer un climat habité, à mettre l’auditeur sous tension. Tension, qui dans un second mouvement, de manière plus où moins directe et décalée par le biais d’un travail de rythmiques impressionnant sur John Walsh notamment, viendra, libérer une énergie vitale, incarnée et salvatrice. Une autre réussite majeure que T.M. illustre magnifiquement, est l’équilibre parfait entre puissance et clarté du son : çà joue fort ; çà s’écoute fort : ce n’est jamais bruyant.

Stances incarne pleinement cette faculté en même temps que son rôle de relais vers la seconde partie du disque. Celle-ci, après le limpide La Roche, se compose de deux titres longs g, qui referme le disque sous la foudre après 13 minutes folles et Post Scriptum, ample plan séquence dans lequel le groupe impose des nuances rythmiques épiques magistralement exécutées qui agissent comme autant de miroirs tournés vers nos émotions les plus intimes. La larme à l’œil, la rage au ventre, le sourire aux lèvres. Et cette satanée correspondance dans le métro encore une fois ratée.

Melatonine est, en ce début d’année, la meilleure preuve qu’en 2019, il reste des choses à faire et à dire avec une basse, une guitare et une batterie quand le tout est fait avec talent, envie communicative, et authenticité. Cela ressemble presque à la meilleure nouvelle de ce début d’année et la confirmation, si besoin en était, de l’indispensable contribution de We Are Unique ! Records à notre santé auditive.