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Le tour que s’apprête a faire Moonya, la « one woman band », dessine presque un quartier de lune dans les fjords, une ligne timide, évitant les engelures de Normandie a Oslo, dans ces terres froides qui quémandent sans cesse la chaleur juste nécessaire, pas de brulure, juste une sensation de souffle chaud sur l’échine. Les celtes, les vikings se fondront alors sans doutes en liquides luxueux, en petites gouttes de trésors, car où Moonya dépose son petit art, cette valise qui enveloppe sa chair, l’homme devient dans un plaisir intense, le fluide même, l’essence d’un, l’important, le strict vital.

J’ai évoqué auparavant cette talentueuse multi-instrumentaliste qui valse dans l’onirisme, entre l’or et le plomb, passant ses chansons dans notre moelle épinière, son travail pour son EP. « Eye » avait une élégance d’autre dimension, un chic extracorporel, ce nouvel opus, plus dense et plus luisant (pour preuve le magiquement intense et riche « Time dance »), va du bout de son épingle ensorcelée, transpercer le mur qui l’arrêtait jusque là. Non seulement ce côté métallique qui servait d’armure a ses premières compositions a disparu pour laisser a nu la chair de la voix, et les instruments sont désormais des articulations de son corps, une fusion réussie de l’âme, le son et le mot. Entre la lumière, les ombres se cachent bien, on aura du mal a les trouver bien qu’on les sache là, la lumière est plus palpable, les soupirs frileux sont désormais des respirations tantriques, calmes et paisibles, qui viennent naturellement, qui ont la maladresse du normal, de l’humain, oui, Moonya n’est plus la shaman, mais la femme, avec tous les pouvoirs que cela confère, et si l’on imaginait des paysages infinis dans les œuvres précédentes, on devine désormais les gestes qui les habitent, qui les construisent, et la fragilité est ainsi vertu, et la force est ainsi réalité. Plus agile aussi dans ses lettres, et rien n’est plus difficile que d’élever au même niveau dans un même disque deux langues aussi violement opposées que l’anglais et le français, Moonya s’ouvre de nouvelles pages, élargie son champ de vue, de plume, au-delà des angles morts, c’est là où son acrobatie, sa quête, prends se valeur juste, dans les tristesses qu’elle exprime et les joies qu’elle imprime. Peut être s’approche-t-elle ainsi d’une compréhension plus aisé des auditeurs, sa face terrienne, sans perdre la puissance de sa face rêveuse.

Quand Moonya fait ce pas en avant, c’est donc le ciel et la terre qui dansent, une sorte d’unisson des sensations matérielles et immatérielles. Bien sur, on adorerait avoir plus de longueurs d’écoutes, plus d’espaces poétiques et plus de mouvements sonores de cette « one woman band » qui picore de son piano, sa guitare, de son pad et de sa voix les impressions, bien sur on aimerait plus, on reste là, a l’écoute, comme devant un Klimt inachevé, illusionnés d’or et de traits fins, d’arabesques, alors, ô madame orchestre, faites-nous le plaisir de revenir de votre voyage en croissant de lune emplie de nouveaux horizons, ce nouveau unisson d’âme et corps, présage des trésors.




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