> Critiques > Labellisés



Le polar, le polar est un exercice d’écriture vicieux, sournois, qui peut vous emmêler dans le vulgaire du sang pour sang, où vous faire découvrir des personnages quasi eternels, traversant le papier pour s’offrir des légendes, mais c’est un exercice, et pas tous les écoliers arrivent à avoir la moyenne (Ici les écoliers n’arrivent jamais a revenir, mais chut). Je ne me suis frotté a cette manière d’imaginer le monde que de très, vraiment très rares fois, ces Maigret d’enfances, quelques Agatha Christie presque scolairement obligés, mais rien de plus. J’ai laissé tomber un brin de temps mes livres d’art, les biographies et récits historiques pour me plonger dans l’autre univers, celui des rues humides, des coins d’ombres, et des violences vengées, celui des bureaux des chasseurs, et des chambres des proies, non seulement parce qu’il y a des stations dans nos vies qui nous demandent l’aventure, mais qu’en plus, il s’agit d’un écrivain qui, du bout de sa guitare, a éveiller mes oreilles dans mon adolescence, et dont je n’avais doute qu’il éveillerai mes yeux a d’autres imaginaires. Frank Darcel a une chose qu’il faut reconnaitre, un gout de l’exactitude, ici on ne s’invente pas un raccourci, on fait le chemin entier, les pas à suivre de l’enquête, les faits et gestes, les dialogues, tout est chair et os. Bien guidé et aidé, il a doté son histoire d’une précision qui nous fait entrer de plein pieds et réellement naturellement dans les blessures du roman. Parce que c’est un roman de blessures, de plaies ouvertes, du vainqueur au vaincu, tous ont des cicatrices a clore, sauf, sauf surement, la ville, seul personnage a être vrai, presque terne, jouant son rôle dans la perdition, insipide et vrai, sans arrière rues, mais avec ses impasses, ces alentours et son agoraphobie, une ville qui supporte l’histoire dans ses parcs et ses commissariats, dans ces régions froides du nord. Les autres protagonistes, humains jusqu’aux fautes, se cherchent au fil des heurts et se trouvent leurs parts de bonheurs et malheurs, Laure, Martial, Simon, Astrid et Jules, et puis Gomez, sans citer encore les détraqués (pourtant si intelligents, comme le veux la traditions des meilleurs vilains), tous, sans faute, ont fauté, sont ratés et se sont relevés, tous ont joué un jeu, et ce qui c’est perdu, reste tant a portée de main, qu’on sent la blessure, la vilaine blessure, a fleur de lecture. Frank a un talent où on ne l’attend peut être pas, dans le respect qu’il a pour tous ces pions de l’échiquier, il trouve dans le pire ce petit truc qui les pardonne presque, cette fine frontière entre le bien et le mal, aucun n’a tord, et aucun n’a raison, mais ils sont là, de chaque coté de la justice, a se juger eux même. Ce respect circule dans les aléas de ces histoires qui s’entremêlent jusqu’à se nouer, des enfants disparus, un vengeur des rues, et un passant un peu perdu dont la mâchoire nous fera mal, des familles uniques dans le sens qu’elles ne sont pas comme les autres, des philosophies, des psychologies qui demandent, doutent et découvrent comment pardonner, des points de vues a ras des hommes, des formes de voir autrement ce qui est sous le nez, aussi importante que l’éducation ou le sexe, le coupable, ou la victime. Ces histoires tissées d’une manière vécue, dans un langage urbain, tentent de nous faire comprendre la notion du crime, froidement, on pourrait dire qu’il se présente comme une information télévisée suivie d’un bout a l’autre, presque vautours, mais il s’organise d’un jour a l’autre, d’un personnage a l’autre, avec une énergie accrocheuse, avec des calmes précédant les tempêtes, et des visages qui jouent a vouloir sans vouloir, a chacun de nous d’apprécier le juste ou le bourreau, la loi, où la rage, il y a dans ces protagonistes, un peu de nous, semés en chacun dans une idée, un geste, une réaction, une clémence ou un verdict, là est le respect de Frank, nous laisser juge, nous laisser choisir dans cet éventail de portraits, celui a aimer, et celui a haïr.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.