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Je dors très peu dernièrement, depuis ce confinement, il est vrai aussi que je n’ai jamais vraiment était gros dormeur, la nuit est toujours propice a la vérité, elle aiguise les sentiments et précise les sensations, j’ai l’habitude d’écrire, de dessiner et d’écouter a la tombée de la nuit, a l’heure loup. De plus, c’est l’heure où les capitales sont moins bruyantes, et la sérénité est plus facile à dénicher. Je crois aussi que ‘est une des raisons pour laquelle j’ai décidé d’écrire sur eux, parce que dans ce hasard heureux qui fait qu’on tombe sur la chanson qui nous rends curieux ou qu’on passe à côté d’une autre, ce sont eux qui ont gagné, non par l’impact chromatique de son artwork, sinon par la surprise majuscule de son et de son atmosphère. Hermetic delight (nom de confinement aseptisé, non, rien à voir) est un quatuor de Strasbourg mais aussi de partout ailleurs, de ces groupes qui ont pour racine chacun de ses membres et chacun de ses vécus, chacun de ses âges et chacune de ses passions. Le chant lyrique de Zeneyp Kaya, la danse pour Delphine Padilla la chanteuse, le plaisir de la composition pour Atef Aouadhi et celui de la musique pour Nicolas Kientzler le bassiste s’unissent dans ce groupe aux tendances spectrales et lumineuses, où se montrent des teintes de New order et des taches Dinosaur Jr., des embruns eighties de Cocteau twins et des rythmes "guitariens" très Cure . Appuyés sur scènes par Théo Cloux (carrière a part comme T/O) et aidés a la production par Charles Rowell, membre du groupe américain Crocodiles, ils proposent des sonorités pénétrantes, d’un rock élégant habillé de velours, définissant un paysage mélodique autant intrigant que pénétrant. Si l’impression générale est d’un ersatz magnifié de groupes new waves et post punk (j’ai pensé parfois a Till Tuesday ou All about Eve), leur puissance autant au niveau vocal (quelle voix si définie, si maitre de force et faiblesse) qu’au niveau musical réside dans l’intemporalité, dans l’impossibilité de dater ces créations, mais aussi dans le fait que la multitude surprenante de compositions laisse quand même une compacité au disque, je ne connaissais jusque là deux groupes capables de faire des extrémités tant osées et de les jouxter, Arcade Fire et Pixies. Leurs histoires sont des déboires de nuits perdues et de nuits gagnées, des petites pop frenchies pour « Le parfum de la nuit » se collent entre les « Rockstarlari » de syllabes turques, des instant Pj.Harvey repassent les derniers cowboys, cela surprend mais ne déraille pas sur « Holy sister », plus énergique s’érige « A void », a voir absolument en concert, a cru la chevauchée rageuse et hypnotique où la voix est obus, plus mélodique est ce « Glassdancer » fils, héritier des plus grand noms et qui ouvre cette étrange attraction de fête foraine qui secoue follement et s’arrête soudain sur l’intro d’ « Unravel » mais s’ébouriffe aussitôt dans une road movie, cinéma pur où les images défilent dans leurs sonorités mythiques et où la voix, a l’usage d’un Morricone d’infinies étendues, nous fout cette chair de poule si délicieuse. Trouvez soudainement ce « Common love square » petit hommage au fabuleux Bizarre love triangle, aux accents attractifs, et finalement vient finir (finir dans un disque qui n’a ni queue ni tête sinon des trésors accumulés est un peu mentir, ce disque peut être repris avec autant de succès si vous débutez sur l’un ou l’autre des titres) sur ce crescendo émotionnel qu’est « How high is your high », plus expérimental, plus céleste, plus cardiaque où le fantôme heureux d’une Liz Fraser flotte heureux sur la plaine lumineuse. J’ai cherché une raison a ce titre, un bon moment dans les systèmes de recherche d’internet, F.A.Cult, obstiné à trouver la clef, la réponse a l’énigme d’un disque si disperse et si beau, si remplis de lueurs et si élégant dans ses folies, je pouvais prendre cult parce que ce disque devrait l’être, mais ne trouvait aucun véritable sens Ce disque si émouvant dans chacune de ses facettes si éloignées et si soudées. Résigné, je tentais de contacter le groupe, avec l’espoir habituel de petit pigiste musical sans plus de renom que ça (j’avoue avoir de la chance, les groupes que je supplie m’ont toujours répondus). Dans la même journée j’avais la réponse, et j’en remercie le groupe, je cite directement, parce que je serai incapable de mieux le dire :

« Un nom intrigant et familier qui résonne par synesthésie avec cet album. « F.A. Cult » se marie avec chacune des teintes des chansons, et les encapsulent dans un tout. Ce titre témoigne aussi de la vocation d’embrasser la pop culture, d’y vouer un culte. « F.A. » est la cristallisation de ce culte : toutes les significations que l’auditeur pourra se plaire à trouver derrière ce sigle seront valables, car elles lui appartiennent, comme les titres de l’album. »

Je tombais tout à fait en accord avec ce titre. Oui, ce disque est offert a tous les horizons, il n’a de propriétaire sinon celui qui le savoure, il n’a de lumière sinon celle de celui qui s’y éclaire, et il donne ce plaisir de grande œuvre a chacune des sensibilités qui l’effleurent, c’est un disque ouvert , et qui reste ouvert a tout moment, sur chaque son, pour que chaque oreille y trouve son culte. Et plus loin que cette « Pop culture » qu’il prétend embrasser et qui selon moi le minimiserai, je déclare que c’est la culture entière qu’il englobe ici, dans une manière plus que belle et une idéologie éblouissante. Un disque si brillant, que je comprends pourquoi je dors si peu avec cet éclairage, mais qu’il est bon, d’être insomniaque, les nuits d’Hermetic delight




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