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Nous n’avions plus de nouvelle de Picastro, projet de Liz Hysen devenu au fil du temps un groupe à part entière. S’éloignant autant qu’elle a toujours pu d’une vision autobiographique, "asexuant" presque son propos pour mieux brouiller les pistes, Liz Hysen a échafaudé un univers aussi inquiétant que subjuguant, ne laissant indiférent que les âmes pourvues d’un terrain stérile. Au fil des disques, l’univers de Picastro a élargi le spectre de nos angoisses ou de nos rêveries inquiètes, via un post rock de plus en plus aérien, des constructions musicales aux portes d’un slow core quasi œcuménique et dépourvu de la plus petite once d’opportunisme. Car pas de gratuité dans le monde de Picastro, l’intransigeance semblant être le premier amendement de la constitution même d’un morceau. Il en ressort dés lors un tissu musical à la fibre presque monacale, nous projetant toujours plus en avant dans un brouillard où le fil du chant nous guide sans pour autant nous rassurer. Pour ce nouvel album « Exit » Liz Hysen a invité plusieurs chanteurs pour emmener ses compositions dans un ailleurs possible. Au générique, nous retrouvons Jamie Stewart (Xiu Xiu), Tony Dekker (Great Lakes Swimmers), Adrian Crowley, Caleb Mulkerin (Big Blood), Alex Mackenzie (Petra Glynt) et Chris Cummings (Marker Starling). Tous ne sont pas là pour marcher dans les pas de Liz Hysen, mais plutôt d’emmener l’univers de Picastro ailleurs, de projeter ses craintes, ses peurs, ses obsessions autrement. Il en résulte des moment de terreur quand Jamie Stewart nous glace bien plus que les sangs sur un « Blue Neck » terrifiant à la fois par la fragilité et le tremblement que par la sensation de poursuite macabre dans le noir. Des moments d’une grace absolue quand Tony Dekker pose sa voix sur le lumineux « I Spy » chantant comme il le ferait avec une contine pour endormir son enfant. Ou des moments nous sortant de notre confort, le temps d’une embardée dans l’univers de Sonic Youth (She’s in a Bad Mood) ici transposé dans un cabaret démoniaque par une Alex MacKenzie maîtresse des lieux, pythie ensorceleuse, créatrice d’une potion nous éloignant de notre propre conscience. Il faudra bien la théâtralité plus baroque de Caleb Mulkerin, un fantôme de l’opéra tourné par Polanski pour nous remettre de tous ces chamboulements. Mais l’univers de Picastro restera intact tout au long de l’album, s’adaptant sans rien renier ce qui fait sa force. Une attirance de plus en plus forte d’entrer dans « Exit ».




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