La Scandinavie est une région du monde qui a toujours suscité chez nous une admiration, mais parfois une crainte de part notre méconnaissance. Dans beaucoup de traditions et de croyances, les Scandinaves semblent regarder vers l’intérieur de la terre plutôt que dans le ciel comme dans la plupart des religions. Ils croient en quelque chose de palpable physiquement et sensitivement, voyant dans tout élément la manifestation de quelque chose qui les transcende.

Dire que « Mareld » le nouvel album d’Isabel Sörling est un condensé de tous ça serait exagéré. Mais il est indéniable que quelque chose de plus fort que la simple musique semble se jouer sur chacun des titres. « Mareld » (la bioluminescence en Suédois) confronte une forme de jazz exalté avec ce que nous appelions à une période où nous nous ouvrions à la musique des autres continents, de la World Music. Mais « Mareld » c’est avant tout Isabel Sörling, véritable chaman habitée, chanteuse à la puissance dans l’interprétation qui détonne dans le milieu aseptisé et factice dans lequel nous vivons. Isabel, elle fait appel à bien plus que des talents de chanteuses, elle irradie véritablement, semblant jouer à tout moment bien plus que la simple interprétation.

Elle nous emporte, nous sortant de notre morgue journalière, faisant sortir de nous quelque chose que nous refoulions de peur peut être de la réaction de ceux qui ne nous connaissent pas. C’est certes parfois trop (Vulture / Cannibal) mais l’ensemble de l’album fait éclater le talent d’une chanteuse qui illumine et fascine.