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Le 27 septembre 2017, à la pointe ouest de l’Europe, des nuages gris-bleus se déplaçaient lentement au dessus de Brest, il y eu quelques gouttes de pluie sur la journée, les température n’ont pas dépassé les 17°C et le DALE COOPER QUARTET AND THE DICTAPHONES donnait un concert en soirée. Chose rare, la formation brestoise était au complet, chose encore plus rare : elle jouait à la maison, là où tout a commencé, au Vauban, cabaret de tous les dangers et scène mythique s’il en est. « Ramsès Redoute », disque live enregistré ce soir là et cinquième album du groupe est disponible aujourd’hui.

Le DALE COOPER QUARTET est né en 2002, sans enjeux, dans l’improvisation, mue par une passion commune pour les images de Twin Peaks et les compositions de David Lynch et d’ Angelo Badalamenti. Depuis le groupe a construit une discographie passionnante, créant une musique d’une grande beauté au-delà de l’ombre de sa figure tutélaire lynchienne. Tout comme leurs titres de chansons et d’album énigmatiques, les « Dale Cooper » ne sont pas facile à étiqueter. Composé de sept musiciens : un trio vocal singulier, deux guitares, un saxophoniste, et un chef monteur aux machines électroniques, cet orchestre atypique produit une musique lente, qui a autant le souci de la texture que des mélodies. Sorte de jazz noir ralenti, de pièces aux couleurs sombres, tissées de drones, de noise et d’ambiant. Chez DALE COOPER chaque élément est mis au service des climats et à ce propos, le qualificatif « cinématographique », employé parfois abusivement dans les chroniques de disque, prend tout son sens quand on parle de la musique de DALE COOPER. Depuis leur premier disque sorti en 2006, l’écoute de chacune des productions du groupe est une expérience sensorielle à part et assister à leur prestation scénique l’est tout autant. Le

groupe ayant bien plus joué sur des scène d’autres pays européens ou de Russie que par ici ces dix dernières années, cette captation live est enfin l’occasion de partager cette expérience. Sur « Ramsès Redoute », le groupe propose des relectures de titres issues de ses quatre disques et la magie opère : Les drones noires avancent inlassablement, un saxophone free et mélodique résonne loin au dessus des tressaillements de guitare noise, des boîtes à rythme organiques favorisent l’hypnose collective et dans la brume, apparaît le chuchotement ou le lyrisme de voix fantomatiques. Plus qu’une collection de titres, « Ramsès Redoute » est d’une telle cohérence musicale qu’il ne devient qu’un long morceau, un voyage, un rêve éveillé.

Si leurs précédents albums figuraient au catalogue du label allemand Denovali, c’est chez les brestois de Music From The Masses que sort ce double vinyle (disponible aussi en CD) assorti comme d’habitude chez D.C. d’un artwork soigné. Côté production, le travail sur le son est une réussite, un son avec de la profondeur et des sensations de « matière acoustique » qui sert joliment ce film sonore où se côtoient le trouble et le beau.

Enfin, ceux qui étaient dans le public ce soir là le savent : tout est faux, nous n’étions pas dans la redoute du Vauban, même plus à Brest, nous étions au Roadhouse et l’étrangeté se trouvait dans chaque chose. Le temps se diluait et il y avait cette femme, assise, que l’on voyait de dos. Derrière cette chevelure blonde, on devinait Laura Palmer et son regard mélancolique posé sur l’orchestre.




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