Suivant le dictionnaire, et pour éviter dores et déjà aux fans de Lift to Expérience de se pointer en y voyant un hommage au système pileux masculin, les bacchantes sont des prêtresses qui célébraient les mystères et les fêtes dionysiaques ou des femmes à qui l’ivresse ou la lubricité faisait perdre toute réserve. Ces Bacchantes sont quatre et ne sont pas inconnues de nous. Derrière les déguisements inspirés par ceux des tribus indiennes ou des nomades des Andes, se cachent Amélie Grosselin (Fordamage), Astrid Radigue (Mermonte), Claire Grupallo (Sieur & Dame) et Faustine Seilman. Évoluant dans des registres proches mais différents, les quatre musiciennes ont décidé de plonger l’électricité dont elles débordent pour transcender un style plus proche de l’époque médiévale (effet donné notamment pas un harmonium indien) que des officines actuelles. Nos quatre Bacchantes déploient leurs instruments, installant une onde circulaire au milieu de laquelle elles chantent sans religiosité, mais avec une puissance et un sens du partage qui nous submerge d’émotion, nous entrainant dans une forme de parcours initiatique où la musique augmente la dopamine dans la synapse, nous permettant d’acceuilir dans un état presque second des textes d’Isaac Habert, Gérard de Nerval, Edward James, Paul Verlaine, Blaise Cendrars ou un extrait poignant sous le chant des oiseaux du « Chant des Marais » (Terre d’Allégresse), mais aussi leurs propres compositions, comme le terrible « Hellébore Fétide », fracassante danse de la mort, exorcisant les croyances angeliques pour y trouver une puissance tout autre. Le chant est multiple, il prend ses aises dans tous les appartements de la maison des styles, faisant majoritairement raisonner des envolées lyriques qui dans la joute trouvent de quoi nous ensorceler.
Mais l’évidence est là, ce disque dégage une puissance dans la musique, le verbe et l’interprétation (« Politique » est un uppercut.). Nos quatre Bacchantes semblent être liées par bien plus que la simple musique, par quelque chose qu’il nous sera impossible de nommer, non pas que nous ayons peur d’un quelconque sort, mais parce qu’ici, la transcendance voit sa définition exploser et balayer la moindre de nos certitudes. Une ivresse incomparable.