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Longtemps, une chanson m’a obsédé, reprenant son titre comme une envie d’en être, mais de ne pas arriver à me brancher à cet art, le jazz. Cette chanson, c’est une chanson rock d’Expérience, l’un des groupes de Michel Cloup. Tirée d’ « Aujourd’hui Maintenant », elle a pour nom « Pour Ceux Qui Aiment le Jazz », et si elle est rock, l’esprit est jazz, une suite, une déclamation, une improvisation délibérée, une liberté qui me paraissait intouchable et qui soyons franc, blessé mon petit ego d’indie-popeur, incapable de pouvoir s’extraire de la tête cette certitude que la liberté et le bon goût n’était que chez les labels indépendants qui avaient le droit le soir chez Lenoir de casser mon ennui.

Avec le temps, j’ai fini par me laisser prendre par cette liberté, m’y connectant par des portes dont j’avais les clés, par des références qui m’en ouvraient d’autres ou avec une gourmandise dangereuse en effraction. Si le plaisir était là, il ne pouvait se départir de cette chape de plomb qui me surplombait, cette peur de me sentir comme perdu dans un domaine que je ne demandais qu’à connaître et à apprécier. Comme souvent, il y aura un avant et un après, le moment où tout a basculé pour tout à la fois me donner du plaisir en tant qu’auditeur, happé par un souffle et quelque chose de communicatif quand il n’est pas transgressif, le bonheur, le partage. Rencontre devant presque autant à la métaphysique qu’à la musique, « Fallen Chrome » n’est pas que pour ceux qui aiment le jazz, mais est une porte d’entrée vers la liberté de ce style. Il est le fruit d’une rencontre tout autant musicale que générationnelle entre Jac Berrocal (que nous avons croisé souvent au côté de David Fenech), et le duo Riverdog composé de Léo Remke-Rochard et Jack Dzik. Une rencontre féconde, entre une trompette et la poésie rock presque incantatoire façon Jim Morrison sans les vapeurs d’un côté et d’une idée moderne du jazz de l’autre. La précaution avec laquelle le duo Riverdog entoure Jac Berrocal est tout bonnement fascinante. Le poète musicien, même accompagné d’un de ses amis des mots, Antonin Artaud (Sang facile, prière) est au centre d’une œuvre façonnée avec une sorte de magnétisme solaire, comme une musique shamanique qui rendrait sa tribu à la nature. Le field recording est ici un matériau noble, traité avec une forme d’exactitude et de résonnance avec les mots de Jac Berrocal. Il suffit de voir la photo intérieure de nos trois musiciens pour se rendre compte de la félicité qu’aura engendré cette rencontre artistique. « Fallen Chrome » est une ouverture béante dans le mur de mes préjugés, une échappée belle et pleine de liberté de joie et béatitude. Pour ceux qui aiment la musique. Épatant




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