Concept album synthétique et froid, cet album de Niki Demiller est une histoire qui peut vous concerner de près ou de loin, si comme moi, vous avez arpenté pendant de longues années l’asphalte froid des antres et des contreforts de La Défense. Cet album de Niki Demiller est l’histoire de la montée dans une compagnie qu’elle soit world ou non, des travers, des bonheurs et des échecs, des primades subies ou orchestrées. Comme la pochette le suggère, le disque ne parle pas que de l’escalade, mais aussi de la chute. Comme l’album de BT 93 qui avait été exhumé l’an dernier, le disque nous parle de la froideur du tertiaire, ne prenant pas la posture plaintive, témoignant même d’une connaissance de ce milieu qui n’est qu’un refuge de requins ou de hyènes (je sais aussi de quoi je parle). Si nous avons de la compassion pour le bas de la pyramide, nous avons un sourire presque narquois pour le haut du panier, sachant trop ce que celui qui s’y trouve a dû faire pour y être. Mélodieusement attrayant (le disque nous fait penser parfois à Albin de La Simone) le disque se fait punchy et sait prendre le contre-pied, chantant un « Hyper Bipolaire (Burn-out) » technoïde avec Didier Wampas. Les chansons sont comme les paliers d’une double échelle, dont un versant serait dépourvu de barreau, induisant la chute. Construit autour de la terminologie bien connue des Yuppies (Office Manager / Call Center / Burn-out / Tertiaire Blues) l’histoire n’en est pas moins traité avec sarcasme (Déséducation) et ironie mordante. La chute de ce disque, c’est que s’il nous touchera moins que l’histoire des exploités du secteur primaire (comme l’adaptation poignante du roman de Joseph Ponthus par Michel Cloup, Pascal Bouaziz et Julien Rufié), elle nous rendra presque sympathique cette vie pathétique d’un homme qui ne comprend pas que derrière une ascension, la descente. « Autopsie de l’Homme qui Voulait Vivre sa Vie » (titre d’un livre de Douglas Kennedy adapté au cinéma avec Romain Duris en rôle titre), une comédie musicale contemporaine.