Il n’aura échappé à personne que l’élégance semble à l’instar de la calotte glacière, se réduire comme peau de chagrin, celle-ci faisant partie des livres d’histoires au même titre que la politesse et le respect (que je fasse attention, je vais finir par être chroniqueur sur Cnews). Trêve de plaisanterie et de bavardage si je commence par ce qui ressemble à une digression, c’est que l’écoute de ce LP de Grimme est un modèle d’élégance pop, un beau disque qui nous propose de nous rhabiller pour l’hiver au premier sens du terme, l’homme ne déroge pas à cette ligne tout aussi claire qu’emplie d’une méticulosité telle que même les emphases sont maîtrisées. Mélangeant classicisme et utilisation d’une technologie qui dynamite les murs, Grimme se promène tel un funambule entre Bjork et Camille (Demain) au-dessus d’un territoire au pollen généreux. Ce qui fascine dans ce disque, c’est l’espace qu’il nous offre, lui qui a été confectionné en autarcie totale dans l’appartement de Grimme (il faut pas mal de force et d’imagination pour écrire « Quand tu Dors » entre quatre murs.). À cœur grand ouvert, Grimme dégage aussi les poumons, mettant beaucoup de lui avec une sincérité qui n’a d’égale que le paysage proposé. La chanson titre « Un Manteau Pour l’Hiver » est un objet qui explique tout, le cheminement, de la sécheresse de l’interprétation nue à la lente, mais précieuse montée vers quelque chose dans lequel nous serons bien au chaud. C’est toute l’élégance de Grimme.