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Il y a un slogan qui a le don de me consterner depuis quelques années, l’apanage d’un publicitaire véreux, vendu à la clique consternante des vendeurs de maillots de footballeurs à des fins hautement géopolitique (c’est dingue comment celle-ci se glisse même dans des choses aussi insignifiantes qu’un tacle raté de kimpembe). Ce slogan, habillant l’enceinte dionysienne du 16 éme arrondissement de Paris, est « Rêver plus Grand ». Aussi stupide que grotesque, ce slogan est à l’image de ce que nous demandons à une bonne partie de la population mondiale, aller vers le gigantisme économique, saignons nous pour que le dieu fric déballe son contentement en décidant de distribuer des offrandes aux percepteurs libidineux.

Rêver plus grand !!!! Non. Demandons plutôt de Rêver plus beau. Pour cela, accompagnez votre baisse d’attention pour les choses futiles de la vie, du dernier album de Julien Ribot. C’est un conteur hors pair et surtout un chef d’orchestre à la vision qui a cessé d’être obstrué par la vacuité hostile du monde contemporain. Avec cet album, Julien Ribot ne s’aligne sur rien de véritablement connu, mais surtout transcende ce qui pourrait rappeler des signes déjà captés dans des réalisations passés. Il y a dans ce disque la même obsession que celle qu’à pu avoir Mercury Rev pour « Deserter’s song », le même tribut légué à la divagation magnétique et transcendante par Flaming Lips.

Impossible dés lors de vous décrire formellement, de sortir un titre plus qu’un autre, on ne parle pas d’une suite d’étapes, c’est un voyage lumineux et féerique, qui pourrait désorienter ceux pour qui la vue d’un arc en ciel est aussi insignifiante que l’arrivée du mascaret dans un bras de mer pourtant si calme. Dire que l’on frise le génie serait presque insultant, tant le disque semble quitter le plancher des moutons bêlants. Mais comment nommer autrement ces enchevêtrements musicaux, la participation de cette chorale qui ne m’avait pas dressé les poils d’une telle façon depuis celles utilisées par Talk Talk sur « Happiness is Easy » ou « I Believe in You » . Il y a du Bowie (du Brett Anderson du meilleur jus quand il monte comme dans « ldiorrrylhmie ») dans ce désir de ne pas trop s’enticher avec une mode qui ne verra pas le troisième trimestre, mais Julien Ribot affirme avant tout une personnalité qui a dans ses mains le sable magique qui va faire de nos écoutes successives, des rêves de plus en plus immenses. Chef d’œuvre d’un artisan du rêve.




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