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À l’occasion de la sortie de son dernier et très attendu album « Multitudes » , elle mérite une chronique à bord d’un canoë car c’est la bien-nommée Feist qui le gouverne de sa profonde voix folk. 

Comme de nombreux jeunes fan de la pop underground, quand j’avais une vingt-cinquaine d’années j’entendais « Mushaboom » passer à la radio en rêvant béatement. Je me voyais, moi aussi, enfiler des anoraks aux marmots que j’aurai plus tard, et on planterait un lilas dans le jardin avec leur père plus tard, et on se ferait un petit feu qu’on regarderait silencieusement plus tard, plus tard : c’est toujours plus tard avec Feist. C’est sans doute ce « plus tard » qui la caractérise : elle est patiente, elle nous habitue au ralenti, on n’est jamais pressés avec elle. Bien au contraire, elle a ce don, cette manie presque, de nous emmener nous lover dans du coton. Je la trouve très douée pour écrire des textes simples mais efficaces, enjoués mais sensibles, rigolos mais profonds. Ce sont toutes ces contradictions qui me font craquer pour la musique de Feist : le féminin se dérobe à elle et elle enchaîne. 

Elle qui a fait des coloc avec les plus foufous (PeachesGonzalez) collaboré avec les plus sympa (Kings of ConvenienceWilco), elle qui a enregistré au Canada, mais aussi à Paris ses plus beaux albums… Traversons les apparences et laissons-nous prendre par la main, laissez-moi vous aider à descendre du canoë. Je vous invite à ré-écouter « Brandy Alexander » - du nom d’un cocktail qu’affectionnait paraît-il, John Lennon. Justement le premier album de Feist s’intitule « Let it die », vous vous rappelez ? 

Feist est canadienne, elle vit toujours à Toronto, ville de la musique live, des parcs de jeux pour enfants les plus inventifs de l’Occident et des bars où le guacamole est à volonté. Autant vous le dire : un endroit de rêve ! Chaussons nos moon-boots et à nous les belles voix feutrées, les canapés en cuir, le parquet brut, tous les clichés - donc j’ajoute le poêle à bois qui ronronne. Oui, parce que là, ça y est, nous sommes arrivés à l’album « Multitudes ». Descendons, vous et moi, du canoë, et mettons nos pas dans ceux de Feist pour aller nous caler bien au chaud dans ce cottage qu’elle nous a indiqué, là-haut, de l’autre côté du lac. Peut-être pour y boire un Brandy Alexander ou un chocolat, on n’est pas pressés j’vous dis, pour notre soirée jazzy (et vous ne m’en voudrez pas, je le sais déjà), elle va nous régaler.

Feist déclarait récemment à la radio qu’elle avait été sans doute « privilégiée d’être l’objet d’intérêt » de deux chouettes gars - Chilly Gonzalez et Renaud Letang - qui l’avaient engagée à préparer ce premier album : « Let it die ». À l’époque, nous étions en 2004, Gonzalez voulait essayer, selon elle, de « trouver une façon de collaborer, et donc c’était pas vraiment un projet (à elle) » . « C’était leur procédé à eux. » 

Cependant Feist est aujourd’hui un sujet, sujet de cette chronique bien sûr, mais le sujet d’un dernier album habité devant lequel on ne peut que s’incliner avec respect. 




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