En 2007, le premier album du Bostonien Christopher Michael Garneau, publié le label Absolutely Kosher, m’avait particulièrement touché, tant l’indie folk minimaliste et mélancolique, irradiant de délicatesse, des quatorze titres de Music for Tourists (dont une chouette reprise du Between the Bars d’Elliott Smith), visait en plein cœur. Ces snobinards de Pitchfork avait détesté, pour ma part, disque de chevet late 2000s. Deux ans après son cinquième opus (The Kind, dans lequel il règle ses comptes avec son défunt père), Chris Garneau remet une pièce dans le jukebox avec Out of Love - fruit d’une collaboration avec son compañero (au sens waltwithmanien du terme) Marc Briz et enregistré à Hudson, dans l’état de New York - mettant en scène un imaginaire queer au travers de portraits cabossés ; toxicomane nostalgique, comédien célèbre en manque de transcendance, cow-boy pauvre d’amour. Passionné d’Arthur Russell tout autant que de Nina Simone et This Mortal Coil, le francophile (Chris a passé une partie de son enfance à Paris) laisse transparaître dans les quatre titres de son nouvel EP un éclectisme néanmoins très cohérent : le low tempo jazzy Out of Love, noyé de réverbération et magnifié par un vibrato gorgé de soul, le slow gospel First Man, le ternaire Millions aux accents country planants, ainsi que Crook et ses sept minutes en forme de montagnes russes sentimentales, démontrent que le crooner sensible Chris Garneau n’a pas perdu la main, nous offrant en cette fin d’année un court mais beau voyage émotionnel.