En septembre dernier, après une journée de bureau tout à fait anecdotique, je me suis rendu rue de Charonne, à la galerie Arts Factory, pour l’exposition consacrée aux œuvres peintes et dessinées de la Grenobloise Margaux Salmi, Dedans se faisant l’écho d’un Dehors musical paru quelques mois auparavant, deuxième album - après l’inaugural La Veille (2016) - sous l’alias Rouge Renarde, sur lequel je m’étais promis de revenir, ayant été charmé / intrigué et quittant les lieux le cœur en suspension, léger et néanmoins mélancolique, me gratifiant au passage de l’achat du livret du disque, bel objet où textes et illustrations racontent l’histoire d’une artiste à fleur de peau qui, à coups de pinceau et de chansons translucides, se met en scène et à nu avec une sensibilité sans fard mais toujours empreinte de délicatesse, à l’image de sa voix pâle, diaphane, au bord du murmure, qui égrène en douze oniriques morceaux les doutes et les attentes, les souvenirs et les rêveries, les peurs, les petites joies, tous thèmes roulant comme des cailloux dorés au fond d’un fleuve se déversant dans l’océan malicieux du spleen. La multi-instrumentiste, accompagnée au mixage par Daniel Gwizdek, compose de bien contemporaines comptines, minimalistes, volontairement bancales (donc surprenantes), arrangements astucieux, harmonies délicieuses, textes imagés, entre poésie décalée (sur Prêtre, « J’aurais voulu être prêtre comme Van Gogh et aller à Rome, j’aurais pu faire la messe, j’aurais porté la robe ») et constats douloureux (le poignant Perdu : « Moi, j’ai perdu, je ne veux plus ça. Quand j’ai vu comme c’est dur et sans foi. Là, si je perds, c’est avec joie. ». Avec Dehors, Rouge Renarde se fait l’hôte d’une bien crépusculaire fête foraine, où chaque chanson – tout à la fois portrait et miroir – laisse deviner une sensibilité riche, nourrie de réel et d’inconscient, dont la perceptible espièglerie rend l’univers très attachant.