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Trente ans que les discrets Nada Surf, combo formé à New York au début des 90s, mènent une carrière honorable, vivotant à l’ombre du roboratif semi-tube post-grunge Popular, que MTV passait en boucle (au programme : lycéens en chemises à carreaux, pom-pom girls blondes et sportifs gominés, les sportifs embrassent les pom-pom girls tandis que les lycéens en chemises à carreaux jouent de la guitare) et qui leur ouvrit les portes de l’univers, notamment de la France où, lorsque leur étoile pâlit, Matthew Caws et ses comparses trouvèrent refuge, au point d’adapter mid-2000s des chansons de Françoise Hardy, Alain Souchon et… Indochine. Soyons honnêtes, je n’attendais rien de Moon Mirror, le dixième album de Nada Surf, éternels seconds couteaux de la génération née des cendres du grunge, adeptes d’une power pop mélodique dans la lignée de Weezer et The Posies : avec Second Skin puis In Front of me Now, l’album démarre de manière très classique, on est dans la pop électrifiée enthousiaste pure et dure, harmonies et guitares en avant, un air de college radio 80s (pas pour rien qu’à une époque le groupe a bossé avec Ric Ocasek), la section rythmique tabasse, Nada Surf joue tête baissée, on se croirait revenu à la grande époque des Teenage Fanclub et autres joailliers sonores, on se dit « chouette mais ne serait-ce pas un chouia monotone, ce bouillonnement qui ne s’arrête jamais » ? La ballade Moon Mirror arrive à point nommé, avec son pont que l’on croirait produit par Dave Fridmann, puis le convaincant Losing et son atmosphère shoegaze, mais c’est à partir de l’à priori anecdotique Intel and Dreams que l’album décolle vraiment, que l’on se dit « Hey, il se passe quoi, là ? ». Si vous manquez de temps, commencez par Intel and Dreams, qui à mi-parcours révèle tout son sucre, puis enchaînez sur l’épique fluide et folk de cordes vêtu The One You Want (que c’est entraînant, ça reste dans la tête, attention !) puis le délicat mid tempo New Propeller et son refrain planant : poignant, irrésistible. Trilogie de choc. Le reste est à l’avenant, plus particulièrement le catchy X Is You et surtout le conclusif Floater (ah, les guitares arpégées de l’introduction, le final brouillardeux !). Nada Surf n’invente ni ne révolutionne rien mais fait tout bien, avec passion et simplicité, nous livrant un inattendu grand petit album de rock. Voilà un monde qui tourne dans le bon sens : à la casse les sportifs gominés, rouillées les pom-pom girls blondes, les lycéens en chemises à carreaux jouent toujours de la guitare, ils ont arrêté le temps, ils ont gagné, et nous aussi.




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