Dans un autre disque à l’obscurité simplement sensible, Boy (qui, pour la petite histoire et l’état civil, s’appelle Caroline Gabard) aurait pu se compromettre dans des postures dignes d’une Julie Doiron de Prisunic et nous nous serions ennuyés ferme, la rage au ventre et l’esprit en déroute. Vous l’avez compris, nulle question de facilité pleurnicharde sur ce premier album sorti sur le label nantais My Little Cab (ils ont aussi un blog), au contraire une retenue émotionnelle qui se cabre dans les non-dits de la vie quotidienne, et qui force l’admiration. Naviguant dans les eaux de Cat Power tantôt façon The Covers Record (Mountain, interprétée avec son camarade de label Tazio), tantôt façon You Are Free (The Lane), voire dans celles de Yann Tiersen (Birds), de Islaja (Her Voice) ou de Encre (Remembrance), la voix de Boy, accompagnée de son piano, de sa guitare ou de son accordéon, ne pâtit heureusement pas de la production forcément bricolo de ce disque enregistré sur un 4-pistes, preuve s’il en fallait encore une que le cœur et la délicatesse triompheront toujours sur la technique, aussi perfectionnée soit-elle. Et si nous devons bien constater que un ou deux titres souffrent quelque peu de cette approche lo-fi (The Day), les atmosphères intrigantes de ce premier disque très prometteur nous augurent des lendemains que nous guetterons avec insistance. Promis, juré, craché.