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S’il est bien une constante, c’est la poisse qui semble coller à Lisa Germano. Sa musique est sans doute trop singulière pour rencontrer un large public et... remplir le compte en banque de ses nombreux labels successifs. Son dernier album ne déroge pas à la règle et sort non pas chez Young God records comme les 2 précédents, mais sur un autre label indépendant américain.

La première écoute d’un nouvel album de Lisa Germano est toujours délicate : retrouvera-t-on ce qu’on aime chez elle, le miaulement de ses chats, l’atmosphère mi-inquiétante, mi-enfantine, le violon, le piano ? Évidemment devrait-on répondre tout de go.

Ce "no elephants" évoque l’inadaptation chronique de l’auteur à ses congénères humains, et un certain attachement à la terre (dit-elle), et aux animaux. Et des animaux, il y en a dans cet album. Sur la pochette d’abord, des figurines d’animaux et poupées mises en scène par l’artiste californienne Lizzy Waronker. Dès le 1er titre "Ruminants", on est accueilli par divers chants d’oiseaux... et très vite on se retrouve en terrain connu, l’atmosphère cotonneuse, les mélodies douce-amères du piano et la voix enveloppante de Lisa se promènent sur nos peaux effleurées. Depuis quelques albums, les arrangements luxurieux et chansons faussement enjouées ont laissé place à un dépouillement trompeur, car d’une richesse mélodique qu’elle seule est capable de nous donner. La douceur et l’apparente simplicité de ses mélodies dévoilent tout un monde où tension et innocence semblent se répondre de façon quasi systématique, égratignant au passage l’impression première de calme (d’ennui diraient certaines mauvaises langues) qu’on peut ressentir.

Sur cet album, elle s’amuse parfois avec l’arrivée impromptue du vibreur d’un mobile et du "tibilip tibilip" associé (No elephants, Dance of the bees) - l’auditeur vérifiant au passage que son mobile n’est pas dans les parages des enceintes - diversifie les ambiances par l’utilisation discrète mais judicieuse de quelques rythmiques (Apathy and the Devil - tout un programme - A feast) et sons électroniques (Back to earth, Strange bird) ou distordus (Dance of the bees). Sur "...And so on", à la désabusion répond une singulière ménagerie... Tous ces éléments demeurent au service d’un songwriting impeccable, où l’on est à chaque fois surpris par un accord posé là où on ne l’attendait pas (l’étonnant Diamonds).

Cet album risque encore une fois de ne pas conquérir de nouveaux fans, aucun titre accrocheur n’y étant présent. A quoi bon, après tout ? La musique de Lisa Germano est un jardin secret dont les amateurs gardent l’endroit protégé des regards indiscrets. Indispensable, pour ceux qui savent.




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