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En marge de La Féline où il officie aux synthés et aux machines, Xavier Thiry (alias Hello Kurt) laisse libre court à son amour pour des choses aussi diverses que le minimalisme kraftwerkien, les ambiances carpenteriennes, la pop à la française ou, plus surprenant, la musique classique. Des influences que l’on trouvait certes déjà dans La Féline, mais, avec ce cinq titres nommé « Spectres », Xavier Thiry creuse un peu plus son sillon, affirme plus volontairement une personnalité qui entendrait marier tradition et modernité, conservatoires et électronique.

Ce grand écart entre passé et futur conduit Xavier Thiry à reprendre une composition de… Josquin des Près, compositeur du 15ème et 16ème siècle connu pour être une figure centrale de la polyphonie vocale de la Renaissance. Sauf que Xavier Thiry s’accapare, remodèle, reconstruit (non sans respect) l’œuvre du musicien franco-flamand à coup de synthétiseurs vintages et de sonorités flippantes à la The Thing (et c’est franchement enthousiasmant). Ailleurs, Hello Kurt n’hésite pas à sortir la grosse artillerie électronique afin de bâtir des cathédrales tout autant atmosphériques que dansantes (à l’image du très Daft Punk « Spectres », aussi idéal sous une boule à facettes que dans l’intimité de la chambrette, ici agrémenté de remix de Mondkopf et Venturi). La nudité scie également très bien aux compositions de Xavier Thiry : « Adieu ma Fiancée », ballade dépouillée (une guitare, quelques nappes synthétiques), mélancolique comme il faut (« Je crois bien que tu es loin de moi / Demain je partirai / Adieu ma fiancée », qui dit mieux ?).

Pourtant, c’est lorsqu’il n’hésite guère à totalement se jeter dans le tube electro-pop que Hello Kurt décroche la timbale. On se plaignait il y a peu de l’écrasante prédominance de l’electro 80’s sur tout un pan de groupes ou chanteurs s’exprimant dans la langue de Molière. A force de voix éthérées, de boites à rythme désuètes et de synthétiseurs préhistoriques, cette référence à des temps anciens a fini par transformer le charme du revival en ringarde machine à poignons. Il manquait simplement une chanson aussi limpide, efficace et accrocheuse telle que « Sélénite » pour faire dire à l’auditeur que l’electro-pop 80’s, pour peu qu’elle soit confectionnée par de véritables musiciens plutôt que par des opportunistes flairant le bon coup, possède encore de bien beaux jours devant elle. « Ma douce est belle / en or et en noir / sous le soleil porte la couleur du soir » : pas mieux !




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