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En lisant le dossier de presse de Reg, on tombe sur des phrases telles que « des chicanos mariachis prêts à trimballer ta carcasse pourrie à travers leur désert de guitare sèche et saturée » ou bien « clandestins des fermes mexicaines du Nord-Est de la France, ils se sont reconvertis en cowboys fossoyeurs pour nettoyer tes os comme des vautours ». Avant d’écouter la moindre note de « Calvario Rugoso », premier Ep du duo (Barclau et Joem, pour les nommer), on s’attend ainsi à tomber sur deux rigolards adeptes de virées hispaniques où le nombre d’heures à sommeiller ne seraient guère proportionnel aux taux de tequilas faites cul sec ; on s’imagine deux chenapans fringués de tee-shirts « Pray For Rain » parcourant les patelins ensoleillés, guitares en bandoulière, de la même façon que Joe Strummer, Elvis Costello et Shane McGowan déambulaient avec décontraction et flegme dans « Straight to Hell » (le western mythique d’Alex Cox). Et puis, forcément intrigué, on pose le 4 titre sur la platine et l’impression ressentie en parcourant la biographie des desperados s’évanouit comme un mirage en plein Sahara. Oubliez le grotesque ironique d’un Robert Rodriguez ou les délires cartoonesques d’un Sam Raimi, on est ici bien plus proche de la moiteur et de la sueur d’un « Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia », des trognes fatiguées et mal rasées de « L’Ouragan de la Vengeance », des flingages macabres de « La Porte du Paradis ».

« Calvario Rugoso » donc… Quatre shots qui tapent en plein crâne et renvoient ad patres le cowboy claudicant qui sert de cible (même les vautours y laissent des plumes), quatre dérives ombrageuses zébrées d’éclairs furieusement inquiétants (mention spéciale au très accrocheur « Find the Home »), quatre propositions enregistrées live d’une traite (à un overdub près) mais qui sonnent comme si le groupe n’étaient pas sortis de studios durant des jours et des nuits (autrement-dit : ça claque, niveau prod’ – jusqu’à parfois réduire les derniers enregistrements des Bad Seeds à une fanfare pour boum de fin d’étude).

Western en charpie, souvent crépusculaire (jusqu’à en déduire que les gars de Reg sont probablement de joyeux lurons dans le privé mais des musiciens habités, possédés, dans l’enceinte d’un studio), « Calvario Rugoso » évoquerait un Eddie Vedder provoquant Harry Dean Stanton en duel dans un trip désertique mis en scène par Neil Young (comme un « Human Highway » aride, flippé et flippant). Vite, les chicanos, un album !




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