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Que reste t’il de nos lectures adolescentes ? Quels sont les rescapés de ces premières sensations littéraires ?

Avez-vous réouvert "Les fleurs du mal" depuis ces moments où vous viviez tout dans l’emphase et le paroxysme ?

Vous vous rappelez vos larmes à l’écoute de "Recueillement" lors d’un concert de Marc Seberg ?

Vous portiez fier telle une devise cet étendard du désespoir : "Je suis le beau, le veuf, le ténébreux..."

Votre patriotisme à vous, c’était celui du coeur et du désespoir adolescent caché derrière vos mèches de cheveux au négligé travaillé...

Que reste t’il de nos lectures adolescentes ?

Qui a survécu à l’effondrement de nos lyrismes intimes ? Ils sont peu mais ils sont essentiels à notre maintien sensible...

Lautréamont, Gracq, Camus,Louis-Ferdinand Céline,Jean Grenier sont de ceux là.

Parmi eux, il est un personnage étrange qui nous accompagne toujours... J.K Huysmans et son "A Rebours"...

Dire du troisième album de Minizza qu’il est une adaptation musicale de l’oeuvre décadente serait un peu simplifier les choses. Celà dit, il est vrai que le groupe a été plus qu’enthousiaste quand France Culture leur a proposé de s’atteler à cette reconstruction sonore de ce roman âpre.

2013 sera décidément l’année musicale d’un certain désespoir lucide dans les productions français avec le remarqué et remarquable triple album de Mendelson avec lequel on peut trouver des proximités sans doute dûes au seul hasard avec l’album de Minizza.

Vous serez saisi par le sentiment glaçant de "Dominé par les abstractions". On pense parfois à Philippe Pascal qui aurait pris le parti d’une certaine radicalité, qui aurait oublié une théatrilité emphatique pour lui préférer une froideur atone.

Mais toute la puissance, toute la force de cette adaptation est qu’elle n’oublie pas de nous accompagner, de tendre vers le destin du seul Des Esseintes.

La fée verte nous enivre dans ce café concert où un vieux nain bossu et difforme peint pendant que dans les combles sans lumière se meurt de la syphillis un poète.

"Ah ! C’était à lui-même (Des Esseintes) que cette voix aussi mystérieuse qu’une incantation parlait ; c’était à lui qu’elle racontait sa fièvre d’inconnu, son idéal inassouvi, son besoin d’échapper à l’horrible réalité de l’existence, à franchir les confins de la pensée, à tatônner sans jamais arriver à une certitude, dans les brumes des au delà de l’art !"

Certes, ce n’est pas une oeuvre facile, elle demandera toute votre attention. Elle n’est pas d’une cérébralité froide ni même d’un intellectualisme élitiste comme l’on peut le craindre en voyant l’idée de départ.

Elle est juste exigeante cette oeuvre, d’une exigence qui requiert votre écoute profonde pour mieux vous saisir de sa beauté froide...Vous reviendrez souvent à ce dandy à la dérive, Des Esseintes dans les ruines de sa vie...

http://brocoli.org/artist/minizza




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